En 1985, soit à peine deux ans après son identification par des chercheurs de l’Institut Pasteur, le Film Buddies, tourné par Arthur Bressan, est l’un des tous premiers films à traiter de l’épidémie de sida et du lien entre le malade et le jeune aidant. Il est suivi de quelques semaines dans les cinémas par l’œuvre de John Erman, An Early Frost, qui montre la maladie dans la vie quotidienne et familiale.
«À l’indifférence générale et au rejet du malade du sida qui présidaient alors, la communauté artistique a répondu par l’exposition de la maladie sur toutes les scènes, sur grand écran, face au public.»
Comme bien souvent, avant tout autre, le monde des arts s’est emparé du sujet et s’est appliqué à l’observer, à le sonder, à le tourner sous tous les angles, à le comprendre et à le démocratiser.
À l’indifférence générale et au rejet du malade du sida qui présidaient alors, la communauté artistique a répondu par l’exposition de la maladie sur toutes les scènes, sur grand écran, face au public. Cette maladie délaissée par la recherche et qu’on cantonnait à la communauté gay devint un objet de travail pour être projetée aux yeux de tous. Pour la première fois, les malades et leurs familles eurent un visage, et la maladie représentée dans la vie quotidienne put être mieux comprise.
Informer, alerter et changer le regard sur la maladie
Le monde des arts a ainsi joué un triple rôle dans la lutte contre le VIH/sida : informer, alerter et changer le regard sur la maladie. Ces trois objectifs se sont successivement croisés dans l’histoire de la lutte et ont permis à la société de prendre en compte ses malades, de récolter des fonds pour la recherche et pour les soins et de sensibiliser le grand public, l’un des remèdes les plus efficaces contre l’épidémie de sérophobie si dangereuse et douloureuse pour les personnes séropositives.
Les conditions de vie des personnes infectées par le VIH ont depuis très largement évolué. Si l’espérance de vie d’un malade était de deux ans en 1985, le suivi du traitement permettant une charge virale indétectable la rend désormais tout à fait équivalente à celle d’une personne séronégative. Nous assistons donc à un tournant dans la lutte contre le VIH, en particulier dans les pays comme le nôtre où la prise en charge médicale est efficace. Les personnes séropositives peuvent vivre une vie normale. Elles n’en meurent plus et ne transmettent même plus le VIH à leur(s) partenaire(s).
Combattre le rejet de l’autre
Des séries télévisées très populaires ont su prendre en compte cette réalité mais également les immenses progrès de la prévention. La saison 3 de Sex Education, série qui a remporté un grand succès auprès des adolescents et jeunes adultes, évoque par exemple de manière claire et pédagogique l’existence de traitements comme outil de prévention tant pour les personnes séronégatives (PrEP) que séropositives (TasP). La série Skams parle quant à elle avec justesse de la vie avec le VIH.
Ces fictions ont une très large audience et permettent indubitablement de faire évoluer les mentalités. Elles ont pris le rôle de fers de lance de la déstigmatisation des malades du VIH/Sida.
L’histoire continue de s’écrire
Dans le même temps, ces 25, 26 et 27 mars a lieu le Sidaction auquel participent de nombreuses personnalités du monde du spectacle. Ce sont toutes ces actions menées en étroite collaboration avec la communauté artistique et leur impact qui nous donnent l’espoir d’un jour voir naître un monde sans sida et sans discriminations.