Ruiz aime apparemment organiser de grandes fêtes pour les chanteurs de narcocorrido, qui écrivent des ballades évoquant les trafiquants de drogue et leur métier. Il aime inviter des personnes comme Luis R. Conríquez, que les autorités présentent comme un chanteur exclusif du Cartel de la Nouvelle Génération de Jalisco. L’armée mexicaine surveillait Conríquez, selon un document divulgué par le groupe de pirates informatiques Guacamaya, et tout ce qui leur restait à faire était d’attendre la prochaine fête de Ruiz. 

Le 25 juin, le gouvernement a appris que Conríquez s’était rendu dans un ranch situé dans les montagnes entre les États de Jalisco et de Zacatecas, une région minée par la violence entre les cartels de drogue en guerre, selon le document qui a fuité. L’armée a découvert que Conríquez était présent à l’une des fêtes organisées par Ruiz dans un ranch privé. Pendant sa visite, Conríquez a enregistré un clip vidéo et en a publié plusieurs extraits sur son compte Instagram. L’armée mexicaine a réussi à identifier le lieu à partir des vidéos de Conríquez, mais n’a pas agi sur le moment. 

« Le même jour, un convoi [de narcotrafiquants] composé d’une vingtaine de véhicules blindés s’est dirigé vers un ranch à la frontière entre Jalisco et Zacatecas », indique le document. 

Deux mois plus tard, en août, l’armée mexicaine a tenté de capturer Ruiz. Mais ses hommes se sont défendus et ont lancé une série d’attaques à Guadalajara, ce qui lui a valu d’être libéré par les autorités, selon des reportages de l’époque. 

Des images partagées sur Twitter montrent au moins un bus en feu et plusieurs hommes armés attaquant des personnes aux feux rouges. Dans un autre clip, on voit des membres présumés du CJNG alignés dans une caravane, tirant en l’air avec leurs gros calibres.

Le président mexicain, Andrés Manuel Lopez Obrador, a déclaré que les attaques du mois d’août ont commencé après qu’une réunion de plusieurs membres du cartel a été interrompue par l’armée mexicaine qui « est intervenue pour procéder à plusieurs arrestations. » Les autorités mexicaines ont déclaré que 14 hommes avaient été arrêtés lors des fusillades, tous membres présumés du CJNG.

Ruiz, également connu sous le nom de « The YouTuber », serait l’homme à l’origine des vidéos de propagande du Cartel Jalisco New Generation, qui mettent souvent en scène des hommes armés vêtus d’uniformes portant les initiales du cartel « CJNG » sur leurs gilets pare-balles. 

Les autorités mexicaines ont désigné Ruiz comme le plus haut dirigeant du CJNG opérant dans les États de Jalisco, Michoacán et Colima. Ruiz fait également l’objet d’une enquête pour le meurtre du mannequin vénézuélien Daisy Ferrer en 2012 ainsi que pour le meurtre de l’ancien secrétaire au tourisme de l’État de Jalisco, José de Jesús Gallegos, en 2013. 

Les relations du chanteur Conríquez avec le CJNG ont déjà été signalées, notamment après la sortie de sa chanson « Las Hazañas Del Doble R » (Les exploits de Double R), où il détaille les opérations de Ruiz pour le cartel. 

Mercredi, les représentants de Conríquez ont fait une déclaration publique sur les réseaux sociaux concernant les récentes allégations niant l’« exclusivité » de Conríquez à CJNG, comme l’indiquent les documents qui ont fuité.

« Ce qui a été publié par plusieurs médias porte atteinte à l’honneur et à la réputation de Luis R. Conríquez », indique la lettre. 

Début novembre, les comptes YouTube et Instagram de Luis R. Conríquez ont été supprimés, au motif qu’ils auraient célébré une organisation criminelle. 

« Ils ont retiré notre chaîne, mes amis. Toute la nouvelle musique que je venais de poster et sur laquelle j’avais travaillé depuis mes débuts a disparu comme ça en un seul jour », a lancé Ruiz dans une vidéo TikTok. 

Les documents détaillant la manière dont Ruiz a été arrêté après le tournage de la vidéo de narcocorrido ont été divulgués à la suite d’une faille dans la sécurité du ministère mexicain de la défense, et publiés par un groupe appelé Guacamaya. Cette fuite, l’une des plus importantes au Mexique, comporte plus de 4 millions de documents confidentiels, principalement des e-mails, provenant du gouvernement mexicain. 

Le piratage a divulgué plus de six téraoctets d’informations confidentielles sur les organisations criminelles, des tâches militaires confidentielles et des informations personnelles concernant le président mexicain.

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