Les Etats-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec plus de 200.000 décès pour plus de 6,9 millions de cas recensés. Après l’Amérique, les pays les plus endeuillés sont le Brésil, avec près de 140.000 morts, l’Inde (plus de 91.000), le Mexique (près de 75.000) et le Royaume-Uni (près de 42.000).
Des chiffres qui déclenchent logiquement une peur mondiale, au regard de l’épidémie de Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère) qui n’a causé, elle, que 774 morts en 2002-2003. “Le million, c’est vraiment un cap important, décrypte l’historien Patrice Bourdelais au HuffPost. On se rapproche du dernier grand pic de mortalité observé entre 1968 et 1970 avec la grippe de Hong-Kong.” La grippe asiatique du XXe siècle, liée, elle aussi à un nouveau virus, avait fait 1 million de morts également.
D’autant que l’augmentation de la population mondiale fausse la comparaison. “Pour vraiment faire la comparaison entre le virus de Hong-Kong et le coronavirus, il faut comparer à la population mondiale.” En 1968, les hommes étaient deux fois moins nombreux qu’aujourd’hui, avec une population qui s’établissait à 3.551.880.700 habitants, contre plus de 7,5 milliards aujourd’hui.
Bien plus élevé qu’Ebola
Le bilan en termes de décès du nouveau coronavirus est déjà bien plus élevé que celui du pourtant redoutable Ebola, dont l’émergence remonte à 1976. La dernière flambée de “maladie à virus Ebola” a tué en République démocratique du Congo (RDC) près de 2300 personnes entre août 2018 et fin juin 2020. Si on additionne toutes les épidémies d’Ebola depuis plus de quarante ans, ce virus a fait au total environ 15 000 morts, exclusivement en Afrique. “Pour Ebola, on ne peut pas comparer, rappelle Patrice Bourdelais. C’est un virus qui tue plus rapidement et limite ainsi les risques de se contaminer. Il faut relativiser.”
Les chiffres de la grippe espagnole, bien supérieurs à ceux du Covid-19 devraient, eux aussi inciter à la prise de distance. Cette grande grippe de 1918-1919, elle aussi causée par un virus nouveau, avait fait des dégâts effrayants: en trois vagues, elle a tué au total 50 millions de personnes d’après des travaux publiés au début des années 2000. Quant au virus tueur, VIH-sida, il a entraîné la mort de près de 33 millions de personnes depuis son apparition.
“Vivre avec la mentalité de son époque”
“Les chiffres du Covid-19 sont inférieurs à ceux que l’on a pu observer pour d’autres épidémies, concède l’historien Patrice Bourdelais. Mais on ne peut pas empêcher les gens de vivre avec la mentalité de leur époque. Aujourd’hui, nous vivons avec la diminution des maladies infectieuses, et non leur apparition! Les pays européens ne peuvent pas encaisser 30 000 morts.”
Par ailleurs, le Covid-19 possède des spécificités uniques. “C’est un virus respiratoire qui se propage par la parole, pointe Patrice Bourdelais. Ce sont les virus dont on se protège le moins facilement et qui sont les plus contagieux”. De plus, le virus survient dans un contexte particulier de mondialisation, d’échanges économiques et de circulation des personnes bien plus intenses qu’auparavant. Et de conclure: “l’un des facteurs qui rendent ce virus si contagieux et incontrôlable à travers le monde, c’est bien cette mobilité”.
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