Dans notre série mensuelle « Le grand bordel du rap jeu belge », on passe en revue l'actualité musicale de notre plat pays. Sorties de projet ou clips ; tout le nécessaire pour rester au courant des trucs les plus chauds du moment.
Parfois, des questions nous traversent l’esprit et nous rappellent à quel point notre existence court à sa perte. Par exemple, pourquoi on s’acharne avec le progrès ? Pourquoi on se tue à développer des machines qui vont nous transporter d’un point A à un point B alors même que la mondialisation fait en sorte que toutes les villes du monde se ressemblent de plus en plus ? Pourquoi on continue de saluer toute nouvelle prouesse technologique, alors qu’on sait qu’elle sera utilisée contre nous à moyen terme ? Dans un autre genre, pourquoi on s’acharne à relayer des projets qu’on n’a même pas eu le temps d’écouter, mais qu’on fait semblant d’avoir apprécié ? Sans doute pour un peu oublier tout ça, et parce que l’altruisme est tout ce qui nous reste.
« Delusia » de Alioth, « Prisme » de Flamingo Orion et Nasty Orion, « Luxury Denim » de Yung Mavu, « Jerry Springer, Vol.1 » de RonnyHuana, « Club 111 » de Hunter, « SlowAndSynth.(c:)/FinalProject » de Guld N, « Mignon » de Peet, « Îles » de La Pluie et Noé Berling, « Brisé » de LucVs et « 208 Cartel » de La Main Noire et Double M ont vu le jour en mars 2020.
En ce qui concerne les clips : des retours, des rookies, à boire et à manger, comme d’hab en somme.
La sélection subjective
Pas les clips les plus attendus, ni les plus gros. Ni les plus mauvais d’ailleurs. Bref… Les autres sorties sont plus bas, classées par date.
Toutes les campagnes qui veulent à tout prix nous prouver que « Bruxelles est dynamique » se forcent à mettre en avant la STIB, la Commission Européenne, le piétonnier, le potentiel niveau immobilier ou les musées d’art contemporain, soit des trucs synonymes de lenteur, horreur, ennui, incompréhension, bullshit ou exploitation à peine gênée des plus pauvres – alors qu’il suffirait de diffuser le dernier clip de Mambele sur tous les écrans de la ville pour que le véritable centre du monde prenne une autre dimension. Envoyez vos ancêtres du marketing à la retraite, c’est le moment.
En parlant de STIB, le MR boude la diminution du prix de l’abonnement annuel pour les 18-24 ans qui passe de 50 à 12 euros. À Saint-Guidon, on ne connaît ni langue de bois, ni voitures de fonction, mais on court aussi après les biftons – même si on en n’est pas encore au stade où on ferme les yeux sur l’évasion fiscale.
Force est de constater qu’attendre d’être suffisamment ivre afin de trouver l’inspiration nécessaire pour écrire quelques maigres mots à propos du clip d’un jeune artiste méconnu de Bruxelles ne marche pas vraiment – mais reste nettement suffisant si on se limite à une écoute vaporeuse du truc.
Dutch Martino envoie son premier clip sur YouTube avec distance et froideur, sans peur aucune d’une vanne si vite arrivée à base de mayo, ketchup, moutarde, tabasco, sauce Worcester et quelques gouttes de vinaigre blanc.
Tant qu’il y aura de jeunes fétichistes d’esthétique à gros pixels prêts à s’amuser avec des caméras datant d’il y a deux décennies, l’avenir est sauf et on peut s’en aller tranquille vers un futur pas trop déconnecté de nos racines. Le ciel continuera de briller même quand les gosses seront incapables de citer les trois premiers starters Pokémon ou que Mylène Farmer ne chantera plus.
Cuir Avirex sur le dos musclé, petites solaires d’acteur porno semi-pro sur le nez, Mistral est totalement conscient que son potentiel charismatique est un atout. Il ne se repose toutefois pas sur des acquis et s’applique à soigner ses rimes en plus de les ancrer dans un réel tangible et local où il est question du Roi Philippe ou de Maggie de Block. Propre, carré et sous-coté comme la quatrième vague, le dernier variant et les nouveaux décès.
Alors que les cagoules se font de plus en plus nombreuses dans cette musique de malfrats qu’est le rap, il est tout à fait bienvenu, à l’image de John Doux, d’en arborer de différentes formes et couleurs afin de se démarquer un peu plus – chose rendue facile ici par une esthétique soignée et cohérente.
Certaines personnes se pensent élues des Dieux lorsque leur téléphone affiche 22:22 ou qu’elles voient les lampadaires de la rue s’allumer. Pour d’autres, voir ces mêmes réverbères s’éteindre au petit matin rappelle juste la routine de la galère. Heureusement que l’espace public dispose d’assez de bancs pour supporter les bagages émotionnels les plus chargés.
Scylla n’a pas pris une ride depuis l’époque d’Opak. Notamment parce qu’à 20 ans, il avait l’air d’avoir le double. Mais la vraie question c’est : comment il fait pour rapper des textes d’un mec de 60 ans ?
En attendant que le monde du futur ponde des enfants dont les grand-parents écoutaient Alkpote et 25G, efforçons-nous de continuer à mettre en avant du rap capable de « plaire à toute la famille ».
À Bruxelles, il n’y a qu’un pas entre le Palais de Justice et les vitrines les plus précieuses des boutiques de luxe, ce qui est plutôt pratique pour être sur tous les terrains sans faire de grand écart.
La dernière fois qu’on a vu un jeune Blanc chevelu rapper sous un réverbère d’un parc bruxellois, c’était un mec un tantinet plus remué, mais qui a tout cassé par la suite.
C’est officiel, les sous-titres jaunes ne seront jamais obsolètes et s’adaptent à tout. À moins que la drill ait des codes esthétiques moins niche qu’on ne le pense.
Malgré l’avènement des ad-libs et de l’économie des mots, le rap continue d’être un terrain d’expérimentation sur lequel se déroulent les plus mémorables épreuves d’endurance – aussi mémorables que les prénoms qui clôturent le couplet de ZVdu17 : « Ibrahima, Adil, Akram, Mawda, Wassim et Mehdi ».
Niveau clips de rap, on commence à voir plus souvent la Cité Modèle de Laeken que des filles dénudées et objectifiées ; on dirait que ça avance dans le bon sens.
En dépit d’avoir choisi un nom de scène pas facile niveau référencement Youtube, Joker a trouvé la parade pour, lui aussi, se démarquer vestimentairement parlant. Votre dernière image sera un nez rouge et une arme.
Ça commence comme une comptine plutôt sympathique, puis ça parle assez vite de fesses ; Goldee Money, fidèle à lui-même, continue de se raconter dans un registre autrement plus calme que sur la prod de Myth Syzer.
Cagoule toujours ; intégrer à la sélection un morceau en japonais de drill bruxellois devrait suffire à clôturer tout ça sur une note inédite…
… ça, et le retour du retour rap conscient, bien évidemment.
Les autres sorties du mois de mars
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