La jeunesse, les gilets jaunes, Mélenchon. Dans son texte, le présentateur de TPMP livre au journaliste ce que ces années d’antenne passées à la rencontre des citoyens de France, connus ou non, venus sur son plateau lui ont appris. Pourquoi? “Pour vous, et pour tous les Français, pour qu’ensemble nous trouvions la possibilité de nous parler et de faire société”, souffle-t-il dans son préambule.
Cyril Hanouna le martèle: ”[Il n’a] pas de camp, [il] ne roule pour personne”. “Je suis un arbitre objectif, à défaut d’être neutre et je fais en sorte que le match [comprendre, ici, son émission sur C8, NDLR] puisse se dérouler, d’autant que c’est moi qui organise la partie”, écrit-il.
Pourtant, plusieurs passages du livre témoignent d’une position nettement plus ambivalente, allant même jusqu’à lui conférer des ressemblances avec un manifeste politique. Le HuffPost a réuni, ici, huit citations attestant de cette observation, les voici.
Le pouvoir passe vraiment à côté du sens profond des gilets jaunes. Dès le début, nous proposons à Benjamin Griveaux de venir en plateau, mais le porte-parole du gouvernement nous fait savoir que, selon lui, “le mouvement est mort dans l’œuf”. Admirons la vista du monsieur… Bruno Le Maire, par la voie de son chargé de communication, nous explique qu’il fait de la “vraie politique”, comme si j’en faisais de la fausse en parlant avec des gilets jaunes.Cyrl Hanouna, page 44
Dans un premier chapitre intitulé “L’agora révolutionnaire”, Cyril Hanouna revient longuement sur le mouvement des gilets jaunes, un mouvement qu’il estime avoir lui et ses chroniqueurs suivi, des prémices jusqu’à ce qu’il pense être le délitement. Contrairement aux médias traditionnels, il assure aussi avoir très tôt invité sur les plateaux de Touche pas à mon poste et Balance ton post des figures du mouvement, tel que Maxime Nicolle. Leur donner la parole n’aurait, selon lui, pas été du goût de tout le monde.
Si faire de la politique, c’est aider les gens qui en ont besoin, les empêcher de basculer dans la pauvreté pour 3000 euros d’impayés, alors oui, je fais de la politique et je vais continuer à en faire. Si faire de la politique, c’est permettre à une mère isolée d’offrir les cadeaux de Noël dont ils rêvaient, je vais faire de plus en plus de politique. Si Mon ami Poto [nom donné à une action de bienfaisance par Cyril Hanouna, ndlr], c’est de la politique, alors je revendique d’être devenu un homme politique.Cyril Hanouna, page 67
La crise des gilets jaunes a marqué Cyril Hanouna qui, conscient de l’impact des politiques sur la vie des citoyens issus des milieux populaires en France, a souhaité mettre en place une opération caritative. Elle s’appelle “Mon ami Poto”. Le concept: selon les informations renseignées par l’individu, un ordinateur calcule la somme qu’il faut à celui-ci pour boucler le mois. L’association lui prête alors cette somme, que l’individu en question, une fois qu’il aura assez d’argent de côté, devra rembourser. Non pas à l’association, mais à une autre personne qui, comme lui, a été dans le besoin. Cette “banque du coeur” n’a pas encore vu le jour.
La police doit être irréprochable. Être “anti-flics” ne sert à rien, sinon à creuser le fossé entre le peuple et ceux qui doivent le protéger. Il faut aimer et respecter la police, et la meilleure façon de le faire, c’est d’être intransigeant avec elle, de ne laisser passer aucune bavure, de lui demander sans cesse des comptes. C’est ce que je continuerai à faire.Cyril Hanouna, page 129
La question des violences policières, notamment au sortir du premier confinement, a été au coeur de plusieurs émissions de Cyril Hanouna, qui a notamment invité sur son plateau Michel Zecler, producteur de musique passé à tabac par des membres forces de l’ordre dans son studio. L’animateur s’explique: il défendra les victimes coûte que coûte, comme l’intérêt à réformer “sans cesse” l’institution policière.
Donner la parole [aux personnes habituellement éloignées des plateaux] – sans jamais cautionner aucun de leurs dérapages, qu’ils soient antisémites ou autres -, c’est lancer un processus de réappropriation de la chose publique et je suis certain que ce processus de réappropriation va déboucher sur quelque chose de positif […]. Qu’en leur donnant la parole ils feront le reste du chemin, et que ça nous permettra de refaire société. Ensemble.Cyril Hanouna, page 144
Jean Messiha, Éric Zemmour, Jean-Marie Bigard, les antivax, etc. Sur son plateau, Cyril Hanouna a donné la parole à de nombreuses personnalités, célèbres ou non, dont les propos se sont notamment avérés faux, racistes, homophobes ou complotistes. L’animateur, selon qui “beaucoup de conneries” se disent dans son émission, revendique la nécessité d’inviter des personnes de tous les horizons au nom du débat démocratique.
À nous, qui manions l’humour, de comprendre les frontières qu’il ne faut plus franchir pour construire une société apaisée. À nous de cerner les vannes de mauvais goût d’hier qui n’ont plus cours aujourd’hui. À nous de comprendre tout simplement que le monde n’est plus le même. Et nous devons tous nous en réjouir.Cyril Hanouna, page 184
En matière d’humour, Cyril Hanouna et ses chroniqueurs ont connu de nombreux échecs, de nombreux dérapages et de nombreuses polémiques. Le point d’orgue? Le jour où il s’est fait passer pour un homme gay et a piégé en direct un jeune garçon par téléphone. Le présentateur fait son mea culpa, assurant désormais ne pas vouloir reproduire ces erreurs.
Être utile, c’est ma première préoccupation.Cyril Hanouna, page 254
La crise sanitaire a eu un impact dans toutes les franges de population, dont la jeunesse. L’animateur se dit profondément désolé par la façon dont le gouvernement a répondu à la détresse des jeunes générations devant leurs études, leur recherche d’emploi et leur solitude. Il veut se rendre utile auprès d’elles, comme en témoigne l’opération “Un jeune, une solution” du ministère du Travail qu’il indique avoir relayée, au printemps dernier.
Toujours je me battrai pour briser cet entre-soi si français, où suivant que l’on est né du bon ou du mauvais côté de la barrière, les portes s’ouvrent… ou au contraire restent définitivement fermées. Je veux être le piston des non-pistonnés, des jeunes en galère, des ex-taulards, de tous ceux finalement que la société actuelle laisse sur le côté de la route sans se rendre compte combien tout cela fait mal à la France.Cyril Hanouna, page 255
Lutter contre l’entre-soi, que ce soit dans les débats sur son plateau ou dans la vie de tous les jours, importe à Cyril Hanouna. Fils d’un père médecin et d’une mère vendeuse dans le luxe, il a grandi aux Lilas, en banlieue parisienne. L’animateur veut être “un grand frère” pour celles et ceux qui n’en ont pas pour les introduire dans la vie. “En permanence, ou presque, je prends en stage dans mes équipes des personnes qui sont en réinsertion”, assure-t-il dans les premières pages.
Je n’ai pas de camp, mais je vais mener campagne contre un ennemi: l’abstention. […] Je veux ramener l’abstention des 18-25 ans à la hauteur de celle de leurs parents.Cyril Hanouna, page 287
La fin du livre précise ses propos, il veut en faire “la première pierre du pont” à bâtir “entre les jeunes, les classes populaires et l’isoloir”. Prochaine étape? Une tournée. “Je vais aller rencontrer les Français dans ces villes que l’on voit rarement à la télévision”, promet Cyril Hanouna, qui n’est pas candidat mais en reprend tous les codes pour mener à bien sa “campagne pour la campagne”.
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