André Laignel, maire d’Issoudun et vice-président de l’Association des maires de France (AMF), avait annoncé la veille sa décision d’ouvrir certaines parties du musée de l’Hospice Saint-Roch, dérogeant à l’interdiction gouvernementale pour lutter contre la propagation du coronavirus. La préfecture de l’Indre avait d’ailleurs immédiatement annoncé saisir le tribunal administratif en référé.
“Les musées sont des lieux de culture essentiels (…), des lieux où le risque de contamination est le plus faible (…), où on ne mange pas, ne boit pas, ne fume pas, où l’on est invité à ne pas toucher”, avait fait valoir l’élu dans un communiqué.
Les “galeries contemporaines” du musée ainsi que le parc des sculptures, en plein air, ont donc rouvert leurs portes à 10h ce samedi. En revanche, la “partie patrimoniale”, “d’accès plus complexe”, est restée fermée, a expliqué l’édile à franceinfo.
“Ouvrir en respectant les règles”
André Laignel a justifié cette semi-ouverture en assurant que toutes les conditions étaient réunies pour assurer la sécurité de tous. Sans comparaison possible, selon lui, avec l’initiative menée trois jours plutôt par le maire Rassemblement national de Perpignan, Louis Aliot, qui avait rouvert quatre musées de la ville, malgré une saisine de la justice.
“Lui est arrivé avec toute une cohorte de gens et a ouvert l’ensemble. Non, nous ne faisons pas ça. Nous le faisons avec finesse, c’est-à-dire dans le respect des règles de la République”, a assuré le maire d’Issoudun.
Il y a “une volonté d’ouvrir, mais d’ouvrir (dans) la sécurité et en respectant les textes”, a-t-il ajouté.
Lors de sa visite au musée ce samedi après-midi, l’édile a pu constater la joie des visiteurs: “Tout ce que j’ai entendu cet après-midi en me rendant au musée, c’est ‘merci’ ‘merci de nous donner enfin l’accès à la culture’”, a-t-il raconté.
Une réouverture “expérimentale”
“J’espère que beaucoup de maires suivront cet exemple car je sais que beaucoup ont envie de faire comme moi”, a souligné le maire d’Issoudun. Et il est vrai que les demandes en ce sens se multiplient. L’association France Urbaine, qui regroupe les grandes villes et les métropoles de France, a ainsi demandé une réouverture à titre “expérimental” des lieux culturels.
“Ces réouvertures pourront être établies dans le cadre d’un premier volet expérimental en fonction des équipements culturels et des paramètres sanitaires territoriaux”, a précisé France Urbaine qui plaide pour une “approche territorialisée” et “progressive”. “Dans cette logique de réouverture des équipements culturels, les collectivités locales sont prêtes à se mobiliser pour trouver, en concertation avec l’État, les adaptations nécessaires”, a ajouté France Urbaine dans un communiqué.
La ministre de la Culture Roselyne Bachelot se refuse pour l’instant à fixer une date de redémarrage. Interrogée vendredi 12 février dans “C à vous”, elle a affirmé que son ministère se mettait “en ordre de bataille” pour une éventuelle réouverture d’ici quinze jours mais a souligné que tout dépendrait de l’évolution de la situation sanitaire.
Elle a cependant détaillé le protocole qui pourrait être envisagé: “des jauges restreintes” avec 10 m2 par personne,” des horaires d’ouverture” hors des heures de pointe, des visites “sur rendez-vous” pour éviter les files d’attente à l’entrée des monuments… “C’est ce que font les musées qui sont ouverts dans les autres pays d’Europe”, a-t-elle défendu, promettant une décision prise de concert avec les représentants du secteur mais aussi toutes les branches du gouvernement impliquées.
Réagissant quelques jours plus tôt à la réouverture des musées de Perpignan, elle avait cependant désapprouvé ce qui est contraire au “respect du principe républicain. C’est tout de même curieux que le maire ne respecte pas les lois de la République et ne s’applique pas les règles à lui-même”, avait-elle observé sur France2.
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