Après l’Assemblée nationale à l’unanimité le 25 janvier, le Sénat dominé par la droite a validé ce texte à main levée, sous les applaudissements de ces héritiers ou de leurs représentants présents en tribune.
“C’est une première étape” car “des œuvres d’art et des livres spoliés sont toujours conservés dans des collections publiques. Des objets qui ne devraient pas, qui n’auraient jamais dû y être”, a répété la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, cependant que les recherches sur la provenance des collections se sont accélérées.
Merci aux parlementaires, le projet de loi permettant la #restitution de biens culturels spoliés lors des persécutions antisémites de la 2nde guerre mondiale est définitivement adopté.
Je suis fière de ce que nous avons collectivement accompli.
La france s’honore de ce vote. pic.twitter.com/x4E0DYab5Z— Roselyne Bachelot (@R_Bachelot) February 15, 2022
Un projet de loi était nécessaire pour déroger au principe d’inaliénabilité des collections publiques.
Les sénateurs de tous bords ont salué des restitutions allant “dans le sens de l’apaisement” et la “fin d’un processus trop long”.
Parmi les 15 œuvres se trouve Rosiers sous les arbres de Gustav Klimt, conservé au musée d’Orsay, seule œuvre du peintre autrichien appartenant aux collections nationales françaises. Il a été acquis en 1980 par l’État chez un marchand.
Rosiers sous les arbres est le témoin de ces vies qu’une volonté criminelle a obstinément cherché à faire disparaître.
La restitution à venir est une reconnaissance des crimes subis par les familles Zuckerkandl et Stiasny, et le juste retour d’un bien qui leur appartient #klimtpic.twitter.com/27oo7Wr81H— Roselyne Bachelot (@R_Bachelot) March 15, 2021
Une étape
Des recherches approfondies ont permis d’établir qu’il appartenait à l’Autrichienne Eléonore Stiasny qui l’a cédé lors d’une vente forcée à Vienne en 1938, lors de l’Anschluss, avant d’être déportée et assassinée.
Onze dessins et une cire conservés au Musée du Louvre, au Musée d’Orsay et au Musée du Château de Compiègne, ainsi qu’un tableau d’Utrillo conservé au Musée Utrillo-Valadon (Carrefour à Sannois), font également partie des restitutions prévues.
Un tableau de Chagall, intitulé Le Père, conservé au Centre Pompidou et entré dans les collections nationales en 1988, a été ajouté. Il a été reconnu propriété de David Cender, musicien et luthier polonais juif, immigré en France en 1958.
Pour 13 des 15 œuvres, les ayants-droit ont été identifiés par la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS), créée en 1999.
La France a longtemps été accusée de retard par rapport à plusieurs voisins européens en matière de réparation. Une mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 a été créée au sein du ministère de la Culture il y a deux ans.
100.000 œuvres d’art auraient été saisies en France durant la guerre de 39-45, selon le ministère de la Culture. 60.000 biens ont été retrouvés en Allemagne à la Libération et renvoyés en France. Parmi eux, 45.000 ont été rapidement restitués à leurs propriétaires.
Environ 2200 ont été sélectionnés et confiés à la garde des musées nationaux (œuvres “MNR” pouvant être restituées par simple décision administrative) et le reste (environ 13.000 objets) a été vendu par l’administration des Domaines au début des années 1950. De nombreuses œuvres spoliées sont ainsi retournées sur le marché de l’art.
Une “loi cadre” pourrait faciliter les restitutions dans les années à venir. Selon Roselyne Bachelot, “nous y viendrons”.
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