ANTHROPOLOGIE – Une grossesse qui dure 22 mois? Si nous avions suivi la même évolution que nos cousins les grands singes, ce serait probablement la durée d’une gestation humaine. Comme l’explique dans la vidéo en tête de cet article le paléoanthropologue Pascal Picq dans son livre Et l’Évolution créa la femme, paru le 21 octobre aux Éditions Odile Jacob, si l’enfant humain naît après seulement 9 mois dans le ventre de sa mère, c’est en raison de notre évolution.
En effet, alors que les premiers hominidés se sont peu à peu redressés pour passer à la bipédie, la morphologie qui est aujourd’hui la nôtre s’est transformée. Le bassin s’est refermé pour permettre à l’humain de se déplacer sur deux pieds avec le plus d’agilité possible. Mais dans le même temps, en partie grâce à la possibilité pour nos ancêtres de cuisiner avec du feu des aliments, notre cerveau n’a pas arrêté de grossir. Le problème, c’est que notre tête aussi, rendant l’accouchement plus compliqué et dangereux.
“Et c’est là que s’est mise en place une stratégie tout à fait particulière”, explique Pascal Picq. Pour permettre au crâne du bébé de passer par le bassin, il naît à 9 mois, et continue sa croissance cérébrale extra-utéro comme s’il était in utero. ”Ça, ça n’existe pas chez les autres espèces”, s’enthousiasme le chercheur.
Mais ce n’est pas tout. La transformation du corps des femmes à la puberté est là encore une caractéristique unique de notre humanité, ainsi que leur sexualité: à la différence des grands singes, qui ont des périodes de chaleurs et de reproduction, la sexualité de la femme est permanente, mais elle est aussi camouflée. Chez la femelle chimpanzé, par exemple, les organes sexuels gonflent pour indiquer au mâle qu’elle est fécondable.
Des éléments qui font des femmes le moteur de l’évolution humaine, en apportant un besoin de communication beaucoup plus poussé avec le reste de l’espèce, non seulement pour la reproduction, mais aussi le soin des enfants.
L’autre grand récit de l’ouvrage, c’est d’expliquer comment et pourquoi, malgré tout cela, il y a tant de violence de l’homme envers la femme. Plus que chez aucune autre espèce, affirme le paléoanthropologue.
Via des comparaisons avec plusieurs espèces de singes, nos cousins éloignés actuels, mais également avec l’étude de peuples premiers (autochtones) ou encore l’analyse de l’évolution de nos gènes, la paléogénétique, Pascal Picq essaye d’éclaire les racines de cette violence. Et la conclusion, nuancée, est fort heureusement que ses origines ne sont pas génétiques, mais culturelles. De quoi mieux dessiner le futur en questionnant le passé.
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