Ce vote était surtout symbolique, les démocrates ne disposant pas des 60 voix sur 100 nécessaires pour avancer sur ce texte. Mais il s’inscrit dans un combat plus large des progressistes pour tenter de protéger le droit à l’avortement.
“Pour la première fois en 50 ans, une majorité conservatrice, une majorité extrême de la Cour suprême est sur le point de décréter que les femmes n’ont pas le contrôle sur leur propre corps”, a alerté, le ton grave, le chef des démocrates au Sénat Chuck Schumer juste avant le vote.
Les républicains se sont opposés en bloc à ce projet de loi, accusant les démocrates, par la voix de leur chef Mitch McConnell, de vouloir proposer des “avortements à la demande”. Ultime revers, le démocrate Joe Manchin, déjà fossoyeur de plusieurs grands chantiers de Joe Biden, a voté avec l’opposition républicaine.
Sans surprise, les démocrates échouent à faire adopter une loi garantissant l’accès à l’avortement. Joe Manchin a voté avec les républicains (et de toute façon, il fallait 60 voix sur 100, c’était avant tout symbolique pour pouvoir faire du “name and shame”). pic.twitter.com/3aGuhfjvoj
— Philippe Berry (@ptiberry) May 11, 2022
Le président américain a fustigé l’issue du vote.
“Les républicains du Congrès -dont aucun n’a voté pour ce projet de loi- ont choisi de s’opposer au droit des Américaines de prendre les décisions les plus personnelles concernant leur corps, leur famille et leur vie”, a-t-il dénoncé dans un communiqué.
Son parti a tenu à organiser ce vote après l’extraordinaire fuite, le 2 mai, d’un projet de décision de la Cour suprême, selon laquelle la plus haute juridiction américaine s’apprêtait à annuler l’accès à l’avortement.
Si la Cour suprême venait à revenir sur la jurisprudence qui fonde le droit à l’avortement aux États-Unis depuis 1973, chaque État serait libre de l’interdire ou de l’autoriser.
Manifestations quotidiennes
Une vingtaine d’États conservateurs ont déjà promis de le rendre illégal.
Aux cris de “mon corps, mon choix”, une trentaine d’élus de la Chambre des représentants, où cette loi avait été adoptée avec succès en septembre, sont venus assister au vote du Sénat pour contester son échec. Au sein de ce groupe, plusieurs élues ayant publiquement évoqué leur avortement.
Depuis la révélation de ce projet d’arrêt de la Cour suprême, des groupes -plus ou moins denses- viennent tous les soirs crier leur colère devant le temple américain du droit, imposant bâtiment de marbre blanc désormais protégé par un grillage. Et certains manifestants protestent jusque devant le domicile de juges conservateurs de la Cour.
Plusieurs grandes organisations progressistes ont appelé les Américains à défiler en masse le 14 mai dans tous les États-Unis pour protéger l’accès à l’avortement.
Quatre grandes marches sont organisées à Washington, New York, Chicago et Los Angeles, et des centaines de rassemblements sont prévus dans le reste du pays.
Le président américain Joe Biden a lui aussi promis de s’impliquer personnellement dans la bataille et exhorté les Américains à “choisir des candidats favorables” au droit d’avorter lors des élections législatives de mi-mandat, le 8 novembre.
Il souhaite ainsi élargir la majorité des démocrates au Sénat, avec l’espoir d’être alors en mesure de passer cette loi fédérale protégeant l’accès à l’avortement.
Mais ces élections sont toujours très périlleuses pour le pouvoir en place, et il est très possible que les démocrates perdent au contraire leurs minces majorités au Congrès lors du scrutin.
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