SPORT – Le MMA (acronyme en anglais de “mixed martial arts”) est lancé: huit mois après la légalisation des arts martiaux mixtes sous l’égide de la Fédération française de boxe, c’est l’heure des premières soirées officielles en France pour cette discipline à l’image sulfureuse et en quête de respectabilité.
Finis les événements organisés en catimini et sans autorisation, le MMA sort de la clandestinité avec la tenue de deux galas en l’espace de trois jours en région parisienne, jeudi 8 octobre à Vitry-sur-Seine monté par des promoteurs français (MMA GP), comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article. Ce samedi à Bercy, ce sera au tour des Américains du Bellator, deuxième organisateur de combats le plus important derrière la toute-puissante UFC (Ultimate Fighting Championship).
Près de 40.000 pratiquants
Un véritable départ pour ce sport de combat extrême qui permet coups de pied, poing, genou et coude, ainsi que coups au sol, étranglements et clés à l’intérieur d’une cage.
“C’est historique, le MMA existait à l’état de pratique mais pas en compétition, on pouvait en voir sur internet mais ce n’était pas officiel, a déclaré la ministre déléguée aux Sports, présente au Palais des Sports Maurice-Thorez de Vitry-sur-Seine. Aujourd’hui, ça l’est et ça fait la joie de beaucoup d’amateurs et de pratiquants.”
La France a longtemps été l’un des derniers grands pays à interdire officiellement le MMA avant un tournant enclenché à partir de 2017 avec la nomination de Roxana Maracineanu au ministère des Sports (2018). Ce tournant a abouti en février 2020 au choix de la FFBoxe pour organiser cette discipline controversée mais très populaire, avec l’“objectif de voir les arts martiaux mixtes voler de leurs propres ailes et devenir une Fédération autonome d’ici trois, quatre ans”, selon l’instance.
Il était temps car avec près de 40.000 pratiquants dans des centaines de clubs et un développement mondial sous l’impulsion de l’UFC, valorisée à 4 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros) lors de son rachat en 2016, il devenait difficile pour les pouvoirs publics de ne pas réguler ce phénomène grandissant.
“Des athlètes, pas des marginaux”
“C’est magnifique de voir le MMA arriver en France, pour tous les athlètes et pratiquants de ce sport qui voulaient que ce soit légiféré et démocratisé, et montrer que ce n’est pas un sport de fous furieux, estime le vétéran Cheick Kongo (45 ans), ancien de l’UFC à l’affiche ce samedi à Bercy sous la bannière Bellator. On est enfin considéré comme des athlètes et non des marginaux qui font des combats dans des caves”.
Depuis la désignation de la FFBoxe, un immense travail a été effectué pour bâtir un code sportif propre au MMA, avec tous les aspects sécuritaires et médicaux liés à la pratique, et définir des certifications et des formations pour les juges et les entraîneurs.
Une plate-forme digitale a également été lancée le 9 septembre pour la prise de licences. “On est en ordre de marche pour une montée croissante et progressive”, selon Lionel Brézéphin, le référent MMA à la FFBoxe, même si le nombre de licenciés est encore timide pour cause de Covid-19.
“Enfin, les gens vont apprendre à connaître ce sport, se réjouit Cyril Gane, l’un des rares Français sous contrat avec l’UFC. Ce sport ne mérite pas cette image et la peur qu’elle engendre”. Une mauvaise image notamment due aux fameux coups au sol.
L’UFC surveille le marché français
“C’est l’un des sports de combat les moins dangereux et de loin, argue Cyril Gane. La boxe est plus dangereuse. Un boxeur prend un K.O, tombe et se relève pour combattre. Il peut prendre trois K.O en une minute. En MMA, l’arbitre arrête le combat dès que l’intégrité du combattant est en jeu. À l’UFC, il y a un suivi médical monstrueux. Ils ont une image à vendre et donc ils en font trois plus que les autres.”
“En boxe, 90% des coups sont portés sur la tête, en MMA il y a une répartition des zones de percussion avec des phases de lutte”, explique de son côté Lionel Brézéphin de la FFBoxe.
“C’est un sport très, très ‘codé’ avec des précautions comme on en a rarement vu dans les sports de combat. Depuis 1992, il n’y a eu aucun accident grave ou de décès dans le MMA moderne”, ajoute l’entraîneur Fernand Lopez, patron de la MMA Factory, principale pépinière de combattants pros en France.
L’ouverture du marché français est en tout cas observé avec grand intérêt par l’incontournable UFC, qui compte bien s’installer durablement dans l’Hexagone.
Pour l’instant, le mastodonte américain préfère encore attendre quelques mois pour voir la situation sanitaire s’améliorer avant d’organiser un événement en bonne et due forme avec tout son barnum et décorum.
“L’UFC va arriver, elle laisse les organisations mineures faire connaître ce sport aux Français avant de débarquer, analyse Cyril Gane. C’est une stratégie. Mais tout le monde attend l’UFC.”
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