Elisabeth Moreno était interrogée ce jeudi 10 février sur les “hijabeuses”, un collectif qui milite pour ce droit en compétition. “La loi dit que ces jeunes filles peuvent porter le voile et jouer au foot. Sur les terrains de foot aujourd’hui, il n’est pas interdit de porter le voile. Je veux qu’on respecte la loi”, a déclaré la ministre sur LCI, alors que la Fédération française de Foot (FFF) interdit le port de signes religieux en compétition.
“Si elles veulent jouer au foot en étant voilées, en quoi c’est impossible? (…) Très souvent, les filles ont l’impossibilité de sortir de chez elles pour faire des choses, la fameuse assignation à résidence”, a-t-elle dit, soutenant “la possibilité pour les filles de faire du sport”.
Dans la soirée, la ministre a toutefois tenu à préciser à l’AFP qu’elle estimait que ses propos étaient “instrumentalisés”, soulignant ne pas croire “que le port du voile favorise l’émancipation des femmes”. “Je ne défends nullement l’existence d’associations sportives qui assumeraient explicitement de faire du port du voile une condition d’adhésion et une forme de revendication identitaire”, a-t-elle affirmé.
Moreno seule contre tous?
Un collectif, les “Hijabeuses”, a saisi le Conseil d’État en novembre 2021 pour obtenir l’abrogation de l’article 1 du règlement de la Fédération française de football (FFF), qui interdit “tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale”. Le tribunal administratif a suspendu mercredi un arrêté préfectoral qui avait interdit une de leur manifestation le même jour près du Palais-Bourbon.
Les sénateurs ont adopté le 19 janvier, contre l’avis du gouvernement, un amendement proposé par le groupe LR interdisant “le port de signes religieux ostensibles” lors “d’événements sportifs et compétitions sportives organisées par les fédérations sportives”. Un amendement abrogé par l’Assemblée où LREM est majoritaire.
Toutefois, au gouvernement et dans les rangs de la majorité, l’amendement LR trouve un certain écho sur le fond. Sur Europe1 ce vendredi 11 février, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a reconnu que la position d’Elisabteh Moreno n’était pas celle du gouvernement.
Il a cependant expliqué le rejet de l’amendement LR “parce que contrairement aux Républicains, on s’attaque au vrai problème, (celui) de la radicalisation et des structures qui propagent l’islamisme radical dans notre pays. “On a porté une loi contre le séparatisme qui nous donne des outils historiques et inédits pour lutter contre l’islamisme partout, y compris dans le sport”, a-t-il défendu.
Quasi simultanément, Marlène Schiappa abondait sur Twitter: “Le gouvernement a toujours été favorable à l’interdiction des signes religieux lors des matchs. Nous sommes donc totalement opposés à l’action judiciaire engagée contre les statuts de la FFF”, écrit la ministre déléguée à la citoyenneté et ex-secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.
? Le gouvernement a tjs été favorable à l’interdiction des signes religieux lors des matchs. Nous avons créé le Contrat d’engagement républicain. Nous sommes donc totalement opposés à l’action judiciaire engagée contre les statuts de la FFF.
Pas de prosélytisme dans le sport !— ?? MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) February 11, 2022
Interrogée sur Cnews, la présidente déléguée du groupe LREM à l’Assemblée nationale Aurore Bergé a elle expliqué avoir voté contre l’abrogation de l’amendement “pour dire qu’il ne fallait aucun prosélytisme, ni politique ni religieux, dans le sport”.
“Pour moi la question n’est pas juste la question du hijab: c’est que sur un terrain de sport, la religion n’a rien à y faire, n’a pas sa place”, a insisté la députée.
“En aucune manière le hijab n’est un facteur d’émancipation des femmes. Ceux qui veulent le faire croire sont des tartuffes”, a-t-elle estimé, en soulignant qu’en France, “pays laïc, universaliste et démocratique, aucune femme n’est empêchée de faire du sport, de jouer au foot”.
Le droit à “se vêtir comme elles le souhaitent”
Plus généralement, Élisabeth Moreno avait estimé sur LCI que “dans l’espace public, les femmes peuvent se vêtir comme elles le souhaitent” et qu’il “y a des femmes qui disent ‘je porte le voile par choix’”.
“Ma bataille c’est de protéger celles que l’on force à porter le voile”, avait-elle dit. “S’il faut sanctionner les parents, pourquoi pas? Mais seulement celles qui sont forcées de le faire”, avait-elle prôné, interrogée sur la possibilité d’infliger des amendes dissuasives pour les parents de filles de moins de quinze ans qui portent le voile dans l’espace public.
“Les femmes doivent pouvoir choisir de se vêtir comme elles le souhaitent”, avait encore estimé Élisabeth Moreno.
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