Arrivé dimanche sur l’île en proie à des manifestations depuis 15 jours, le ministre des Outre-mer a rencontré lundi les représentants locaux, syndicalistes dans un premier puis les élus locaux. Ou plutôt, une partie. La moitié des élus conviés a décliné l’invitation, tandis que les organisations syndicales réclamaient à être réçues dans leur intégralité, en vain.
Le ministre, qui s’était dit prêt à discuter de l’autonomie de l’île, s’est lui offusqué de voir parmi les revendications des syndicalistes “des amnisties pour celles et ceux qui ont voulu délibérément assassiner des policiers ou des gendarmes”. Selon lui, ils participent à une “jonction dangereuse entre ce qu’il se passe la nuit et la journée” lors du mouvement social. Le ministre a jugé qu’aucune discussion n’était possible tant que les syndicats “ne “veulent pas condamner des tentatives d’assassinat contre des policiers et des gendarmes”, un “préalable pourtant évident et indispensable”.
Appelant à une “prise de conscience collective”, il a annoncé l’envoi d’un escadron de 70 gendarmes mobiles et 10 membres du GIGN supplémentaires.
“Il nous faut tenir, permettre aux forces de l’ordre de se régénérer” et “procéder aux déblocages. (…) Nous continuons ces renforts parce que la situation est tendue”, a-t-il poursuivi. Et “je veux tordre le cou à ces caricatures disant ‘à un problème social vous répondez par le RAID et le GIGN’. Stop et assez de ces caricatures!”, a réclamé le ministre.
“Lorsqu’on se précipite sur un scooter, qu’on s’arrête le long d’une portière d’un véhicule de police et qu’on cherche à vider son chargeur dans la tête d’un fonctionnaire de police ou d’un militaire de la gendarmerie, ça n’a rien à voir avec un pompier ou un soignant qui n’est pas d’accord avec l’obligation vaccinale”, a-t-il conclu sur ce point.
Lecornu refuse de parler “d’échec” en Guadeloupe
Au micro de La 1ère avant son départ, il a cependant refusé de parler d’un échec. “Ce n’est pas un échec, nous sommes sur la voie d’un retour à l’ordre”, a-t-il assuré. La rencontre s’est finalement solée par la remise au ministre des documents de revendication déjà publiés par les syndicalistes ces derniers jours.
“Le gouvernement note que la plupart de ces revendications contenues dans ces documents concernent les compétences des collectivités territoriales”, précise le ministère dans un communiqué. Le sujet devait être abordé par la suite avec les élus locaux, qui n’ont pas tous répondus présent.
Côté syndicats, la délégation estime que Sébastien Lecornu “n’est pas venu pour négocier, mais parce qu’il a été forcé par le rapport de forces que nous avons installé”. Deux nouveaux syndicats, dont celui des agriculteurs, ont annoncé rejoindre le mouvement face “au refus du gouvernement français d’ouvrir les négociations” sur la base des revendications.
Sébastien Lecornu s’est ensuite envolé pour la Martinique, en proie à une contestation similaire. Il a cependant vu “une des grandes différences” entre la Guadeloupe et “ce qu’il se passe en Martinique”, où “la situation n’est en rien comparable”. En Guadeloupe, “plus de 120 interpellations” ont été réalisées depuis le début de la crise, a-t-il indiqué. Et “l’autorité judiciaire a enregistré en une semaine une activité équivalente à trois ou quatre mois ordinaires”.
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