C’est ce qu’annonce le jeune homme dans un message publié sur son compte Twitter dans la nuit de lundi au mardi 10 mai, où il justifie son choix par “la tempête d’attaques sans précédent” qu’il “encaisse” depuis que son nom circule pour être candidat aux prochaines élections législatives des 12 et 19 juin. “Tous les jours une nouvelle calomnie, une nouvelle insulte, une nouvelle menace de mort, une nouvelle accusation”, déplore-t-il.
Et d’ajouter qu’il “aurait aimé tenir bon”. Mais Taha Bouhafs l’assure: il a “acquis la certitude qu’aux yeux de beaucoup”, il n’a “pas le droit d’exister politiquement”. Une situation qu’il dénonce, demandant à ceux qui l’ont soutenu dans cette brève candidature de ne “pas baisser les bras”. Il conclut: “Continuez à vous battre. Pour ma part, j’ai essayé, mais je n’y arrive plus.”
Un”constat d’échec” pour Corbière
Un message qu’il faut effectivement “interpréter” comme un renoncement à se présenter aux législatives à Vénissieux, a confirmé Alexis Corbière, figure majeure de la France insoumise, invité ce mardi 10 mai au matin sur France 2. Le député LFI dit “prendre acte” de la décision de Taha Bouhafs, et “demande qu’elle soit respectée”, rejetant au passage toute “pression” qui aurait pu être mise pour pousser au renoncement le jeune candidat.
“Tout cela est un grand constat d’échec”, regrette l’actuel député de Seine-Saint-Denis, élargissant son analyse au-delà du cas personnel du journaliste. “Car ce que nous voulons faire, c’est que l’Assemblée nationale soit le lieu où se rassemblent des femmes et des hommes à l’image de toute la richesse de notre peuple”, a-t-il expliqué, évoquant notamment la candidature de Rachel Keke, porte-parole des femmes de ménage en lutte contre Accor à l’hôtel Ibis des Batignolles et investie par la Nupes dans le Val-de-Marne.
“Le cas de monsieur Bouhafs était aussi l’exemple de ces jeunes gens issus de milieux sociaux défavorisés, dans des quartiers populaires, qui s’engagent et qui parfois ne sont pas parfaits dans cet engagement”, a-t-il encore déploré au sujet de ce manque de diversité au sein des représentants du peuple.
“Et nombre de gens n’étant pas parfaits ne subissent pas, en raison de ces imperfections, de procès médiatique. C’est ça qui m’a fait de la peine”, a ajouté Alexis Corbière, fustigeant le traitement particulièrement dur réservé à son désormais ex-candidat dans la circonscription de Vénissieux.
Une mise en garde pour Fabien Roussel
Un registre sur lequel l’a rejoint un autre cadre LFI, François Ruffin, invité au même moment de franceinfo. “Ce qui m’inquiète le plus, c’est tout ce qu’il n’y a pas à l’Assemblée: combien d’ouvriers? Zéro. Combien de maçons? Zéro”, a-t-il insisté, avant de reconnaître un droit à l’erreur à Taha Bouhafs, attaqué pour plusieurs écarts passés et notamment une condamnation judiciaire pour avoir insulté une syndicaliste policière.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, lui aussi a regretté les circonstances de l’abandon de Taha Bouhafs. “Je m’en veux de ne pas avoir su le réconforter autant que nécessaire”, a-t-il écrit sur Twitter, assurant qu’une “meute” se soit “acharnée” contre l’éphémère candidat de la Nupes. Et d’assurer comprendre la décision de son protégé: ”À 25 ans c’est lourd de vivre avec des menaces de mort et des mises en cause publiques quotidiennes.”
Partant de son constat sur le manque de représentativité des députés, Alexis Corbière a quant à lui tenu à marteler la nécessité de valoriser l’union à gauche qui est en train de naître. Une manière de rappeler à l’ordre Fabien Roussel, qui s’était clairement opposé au choix de Taha Bouhafs comme candidat dans le Rhône, lui préférant l’élue communiste Michèle Picard et arguant pour ce faire de la condamnation pour “injure raciale” reçue par le journaliste.
“J’invite chacun à ce que l’on n’exacerbe pas ce qui ici ou là est un frottement”, a-t-il demandé, avant de chercher à apaiser les tensions. Le signe d’au-delà des déclarations d’unité, celle-ci demande encore à devenir réalité en plusieurs endroits du pays.
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