Une belle opération, au moins symbolique, qui tranche avec l’année 2018 pour laquelle le Château avait dépassé son budget initial et dû puiser plus de cinq millions d’euros dans la réserve, en raison notamment de la hausse de l’activité de la présidence.
Dans le détail, les dépenses de l’Élysée ont baissé de 3,26% par rapport à 2018, à hauteur de 105,33 millions d’euros, tandis que les ressources ont augmenté de 1,2% à 106,3 millions. Et la fronde des gilets jaunes n’est pas étrangère à ce résultat. Secouant le pays pendant de nombreux mois, le mouvement social -inédit dans sa durée- a poussé le chef de l’État à rester davantage entre les murs du palais présidentiel qu’à l’accoutumée. Et ce pour diverses raisons.
Une quinzaine de déplacements à l’étranger en moins
En 2019, la baisse des dépenses résulte principalement de deux facteurs selon la Cour des comptes. Le premier: “le nombre des déplacements présidentiels a baissé de 20% en 2019, induisant une part significative de la réduction des coûts (-6,1 millions d’euros).” Dans les faits, le président s’est moins rendu à l’étranger, avec 32 déplacements en 2019 sur un total de 108, contre 46 en 2018 sur un total de 135 déplacements.
“Après les augmentations des deux premières années du quinquennat, le budget diminue de 4,4%”, se réjouit de son côté René Dosière, ancien député et grand spécialiste du train de vie de l’État. “Cette baisse résulte directement d’un nombre plus réduit de déplacements à l’étranger du Président, retenu dans l’hexagone suite à la situation politique, du mouvement des ‘gilets jaunes’, à la contestation du projet ‘retraites’”, explique-t-il sur son blog.
Emmanuel Macron a effectivement privilégié les déplacements nationaux, à l’occasion de son “grand débat” notamment (moins d’un million d’euros de frais de déplacement en tout), moins onéreux que les lourdes visites à l’étranger. Ces mois de “discussions citoyennes” animées partout sur le territoire ont en revanche coûté douze millions d’euros à l’État. Une enveloppe coquette qui n’est pas prise en compte dans le budget de l’Élysée.
La moitié de cette somme a en effet été avancée par le ministère de la Transition écologique et solidaire, 3,1 millions d’euros par Matignon (et notamment le Service d’information du gouvernement, SIG), et 1,7 million a été imputé à Bercy.
779 agents contre 816
Dans le même temps, et c’est, selon la Cour des comptes le deuxième facteur de cette baisse, l’évolution de la masse salariale (71,1%) “a pu être contenue”, avec une hausse de 0,9% par rapport à 2018, en raison notamment d’une baisse des effectifs de 2,5% en moyenne”. Les dépenses de fonctionnement ont globalement diminué de 4,9%.
Au 31 décembre 2019, le nombre d’agents de la présidence s’établissait à 779, dont 454 civils et 325 militaires, contre 816 à la même date l’année précédente. Le cabinet du chef de l’État était composé de 47 personnes, comme en 2018.
La Cour a particulièrement observé cette année la réorganisation des services, lancée en 2017 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron. “De premiers résultats sont déjà perceptibles, comme l’illustrent la réduction de 20% des heures supplémentaires et la mise en place d’un agenda numérique partagé des événements présidentiels qui permet d’anticiper leur préparation”, note-t-elle.
Dix-sept événements ont par ailleurs été organisés en 2019 dans le cadre du “grand débat” pour sortir de la crise des gilets jaunes, dont 11 déplacements du chef de l’État pour rencontrer des élus locaux et six réceptions à l’Élysée, pour un coût global de 0,9 million.
Sur son blog, René Dosière salue des “efforts, un peu contraints”, mais note toutefois que “l’Élysée de Macron reste plus dépensier que son prédécesseur: en 2016 le dernier budget de la présidence Hollande s’élevait à 101 millions.” Soit quatre de moins que celui budgété pour l’actuel chef de l’État.
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