Elle vise à permettre une meilleure reconnaissance institutionnelle de cette maladie chronique touchant au moins 10% des femmes ainsi qu’une prise en charge à 100% des soins dont doivent bénéficier tout au long de leur vie les femmes qui en souffrent.
C’était une demande de longue date des associations. En juillet 2020, de nombreux sénateurs et députés adressaient à Olivier Véran un courrier de soutien à l’association Endomind, pour que l’endométriose soit intégrée dans les ALD. Le mois suivant, une tribune d’Endofrance signée par une soixantaine de praticiens médicaux était publiée dans Le Parisien. Celle-ci invitait le gouvernement à aller plus loin encore qu’une reconnaissance comme ALD.
Handicap invisible
Il faut dire que l’endométriose, en tant que handicap invisible, a des conséquences au quotidien: “Des formes sévères responsables d’une invalidité dans un tiers à la moitié des cas”, note LFI. “Des conséquences sociales, économiques et professionnelles pour les femmes qui en sont atteintes”, poursuit le groupe. Selon l’association Endomind, ce sont “80% des personnes concernées qui ressentent une limitation dans leurs tâches quotidiennes, et 40% d’entre elles qui rencontrent des problèmes de fertilité”.
Fertilité, vie privée
Au-delà des problèmes de fertilité, l’impact de l’endométriose dans la vie de tous les jours peut être considérable.
“Cela fait 30 ans que je souffre d’endométriose. Cette saleté a détruit une bonne partie de ma vie. Elle m’a empêchée de mener une carrière, elle m’a enchaînée à ma maison, elle m’a privée de la maternité. À cause d’elle, j’ai eu de terribles douleurs qui m’ont clouée au lit pendant des années. J’ai eu 4 opérations pour essayer d’enlever les lésions qui avaient colonisé mes intestins et le reste de mon abdomen. J’ai eu 4 fécondations in vitro pour essayer d’être mère. J’ai dû subir 10 ans de traitements hormonaux absolument épouvantables”, détaille Marie-Sophie Germain, l’autrice du blog #MonEndométriose sur Le HuffPost.
Sur la sexualité aussi, certaines femmes doivent tirer un trait. C’est ce que raconte à propos de son compagnon Emeline Vitrac, auxiliaire de vie, dans ce blog. “Ton copain, parlons-en. Celui qui te masse jusqu’à 1h du matin parce que tu es en crise. Celui qui appelle les pompiers à 23h parce que cette fois-ci les anti-douleurs n’ont pas fait effet. Celui qui ne te touche qu’une fois par mois, parce que les rapports quand tu as de l’endo, tu oublies. Bah oui, avoir l’impression de prendre un coup de poignard qui part du fond du vagin jusqu’à l’estomac, c’est pas excitant.”
Impact sur la carrière
C’est ce dont témoigne Flora dans cet article de Slate. Après un diagnostic d’endométriose et de multiples arrêts maladie et rendez-vous médicaux, elle est placardisée. “Petit à petit, mon chef m’a mise à l’écart du poste pour lequel j’étais formée, en me cantonnant à des tâches inutiles, comme coller des gommettes. Il a mis une intérimaire à ma place, et m’a carrément déplacée dans un coin de l’usine. Il m’expliquait que je n’étais pas rentable pour lui”, se souvient-elle. Même ses collègues femmes ne comprennent pas, alors que Flora doit venir travailler en marchant avec une canne. Elles “ne comprenaient pas pourquoi j’étais en arrêt à cause de mes règles. Elles étaient sans pitié, très méchantes. Elles me traitaient de tire-au-flanc, de malade imaginaire. Je pleurais tous les soirs en rentrant chez moi tellement j’étais tendue”. La jeune femme finit par se reconvertir.
Pour toutes ces raisons, loin d’être exhaustives, et parce que l’endométriose est invalidante au quotidien, il est demandé à ce que cette maladie soit ajoutée à la liste des ALD. En attendant de savoir si la proposition de loi de LFI sera acceptée par l’Assemblée, l’Élysée a botté en touche sur cette question. “La HAS (Haute Autorité de Santé) est arrivée à la conclusion que les critères n’étaient pas réunis” pour transformer la reconnaissance “au coup par coup” de la maladie en ALD selon des critères de gravité ou de sévérité en une reconnaissance automatique. Emmanuel Macron a, de son côté, affirmé vouloir mettre le focus sur la recherche médicale et l’amélioration de la prise en charge de l’endométriose, entre autres. Pour autant, aucun budget concret n’a été annoncé par le président de la République.
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