“Nous sommes très émus d’avoir localisé et capturé des images de l’Endurance”, a affirmé Mensun Bound, directeur de l’expédition d’exploration organisée par le Falklands Maritime Heritage Trust, à la BBC. “Sans aucune exagération, c’est de loin la plus belle épave en bois que j’ai jamais vue. Il est intact et dans un brillant état de conservation”, a-t-il ajouté.
“La découverte de l’épave est un exploit incroyable”, s’est de son côté réjoui le géographe polaire John Shears au média britannique.“Nous avons mené à bien la recherche d’épaves la plus difficile au monde, luttant contre des glaces de mer en constante évolution, des blizzards et des températures descendant jusqu’à -18 °C. Nous avons réalisé ce que beaucoup de gens qualifiaient d’impossible”.
Une expédition légendaire
L’épave a été découverte à environ six kilomètres du site du naufrage, ont précisé ses découvreurs. L’expédition de recherche -comptant une centaine de personnes- avait quitté le Cap le 5 février à bord d’un brise-glace sud-africain, en espérant retrouver l’épave avant la fin de l’été austral.
En août 1914, l’Endurance quitte le port de Plymouth (Angleterre). À son bord, 28 hommes, 69 chiens, un chat et l’équivalent de deux ans de vivres. Mais après cinq mois de navigation, le navire est piégé par la banquise. Seul dans ce désert blanc, l’équipage doit attendre la fin de l’hiver et la fonte de leur prison de glace. Les hommes noircissent de désespoir leurs journaux de bord.
Mais la vie sur le navire n’est pas que supplice. “On a des images d’hommes jouant au foot sur la banquise, c’est incroyable”, s’extasiait récemment Alban Michon. Le photographe australien Franck Hurley a en effet immortalisé ces scènes de liesse entre les membres de l’équipage.
L’été austral finit par arriver, mais au lieu de libérer le navire, la glace l’emprisonne. Spectateur de l’agonie de L’Endurance, les hommes décident de l’abandonner. Ils campent alors pendant près de deux ans sur la glace antarctique. Ce n’est qu’en avril 1916, qu’Ernest Shackleton part chercher de l’aide avec cinq de ces hommes.
Un autre périple commence. Les matelots passent 16 jours à traverser 1300 km d’océan dans un petit bateau pour atteindre l’île de Géorgie du Sud où ils trouvent secours dans une station baleinière. Ils font ensuite demi-tour pour sauver les 22 hommes laissés derrière eux. Cette odyssée est la plus célèbre d’Ernest Shackleton.
“Fermer l’histoire d’une des plus belles explorations polaires”
Depuis, toutes les tentatives pour retrouver L’Endurance se sont soldées par un échec, jusqu’à aujourd’hui. L’expédition Endurance22 a utilisé des technologies de pointe, et notamment deux drones sous-marins pour explorer la zone, décrite par Shackleton lui-même comme “la pire portion de la pire mer du monde” en raison de ses conditions glaciaires.
Pour cette mission très périlleuse, les plongeurs censés étudier l’épave avaient suivi une formation spécifique. “Les entraînements servent à apprendre aux plongeurs à supporter le froid, à bricoler sous l’eau quand ils seront au niveau de l’épave et surtout à sortir le robot”, avait détaillé Alban Michon au HuffPost. Ce robot explorateur de fonds marins pèse près d’une tonne. “Ils ne sont que deux ou trois plongeurs et devront l’extirper s’il se bloque sous la glace”.
“Si les explorateurs découvrent l’épave, ils auront même la chance de fermer l’histoire d’une des plus belles explorations polaires”, avait-il conclu. C’est désormais chose faite.
À voir aussi sur Le HuffPost: La banquise dans une situation critique, ces chercheurs tirent la sonnette d’alarme