Les auteurs, qui précisent avoir prévenu la centaine d’interlocuteurs qu’ils enregistraient leurs entretiens, citent François Bayrou expliquant qu’il a passé un accord avec Emmanuel Macron peu de temps après son élection en mai 2017 pour se répartir les 577 circonscriptions, dont 144 pour le MoDem.
Mais le lendemain, le secrétaire général du parti LREM Richard Ferrand n’annonce que 16 circonscriptions pour le MoDem. François Bayrou voit rouge mais Emmanuel Macron reste silencieux. François Bayrou “est revenu à la charge et puis finalement il a grappillé” des circonscriptions et obtenu une cinquantaine de sièges de députés, résument les auteurs auprès de l’AFP.
Surtout, certains macronistes ont “sous-entendu qu’ils pouvaient payer, nous donner de l’argent pour compenser”, écrivent Gérard Davet et Fabrice Lhomme en citant François Bayrou qui calcule, selon eux, la somme de “quatre millions d’euros”.
Interrogé par l’AFP, l’entourage de Richard Ferrand, devenu depuis président de l’Assemblée nationale, dit qu’il n’est “pas au courant” qu’un tel marché ait pu être proposé.
“Il y a eu ce moment de tension autour du nombre de députés que nous allions avoir et en effet des mots malheureux ont été prononcés en disant ‘si vous n’avez le nombre de députés on peut vous garantir des ressources’”, a de son côté expliqué mercredi François Bayrou, interrogé sur Europe 1.
Une proposition financière “repoussée par nous sans discussion”
“Mais ce sont des pratiques que nous n’avalisons pas”, a-t-il ajouté, précisant que pour lui, Emmanuel Macron “n’est pas dans les petites manœuvres” et qu’il revotera ”évidemment” pour lui s’il se présente en 2022.
“Toute proposition de compensation financière, bien que commune et légale entre partis politiques, a été repoussée par nous sans discussion”, a complété ce dimanche 17 octobre François Bayrou dans une interview au Journal du Dimanche.
Au-delà de cet épisode, les auteurs ont rencontré de nombreux interlocuteurs qui se sont sentis “trahis” par le chef de l’État, dont en premier lieu l’ex-président socialiste François Hollande, mais ils n’ont pas eu accès à Emmanuel Macron ni à sa garde rapprochée.
Dans leur enquête, ils soulignent les procédures judiciaires qui semblent “enterrées” sur la vente contestée d’Astom à General Electric quand Emmanuel Macron était ministre de l’Economie (2014-2016). Ils s’interrogent sur la nomination d’Éric Dupond-Moretti à la tête du ministère de la Justice sur fond d’“intérêts conjoints” de l’ex-président Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron.
Ils retiennent de leur enquête sur Emmanuel Macron “un opportuniste habité par son destin, comme dit Alain Minc” avec “une conception du pouvoir qui décrédibilise les contre-pouvoirs” et qui “atomise les oppositions”.
Une conception qui accentue le phénomène “d’un pays déboussolé” qui n’a “plus qu’un choix qui sera entre l’extrême droite et un homme raisonnable”, résument pour l’AFP les deux journalistes.
Selon eux, il y a les pro-Macron, comme Benjamin Griveaux qui “sont convaincus que cette stratégie est “brillantissime” car les électeurs “choisiront toujours le raisonnable”. “Et puis vous avez tous les autres qui sont nombreux, qui nous disent: mais c’est hyper dangereux” parce que “si les gens en ont marre de toi, c’est le chaos”.
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