SCIENCE – Que va dire Emmanuel Macron ce mercredi 14 octobre? La question est dans la tête de nombreux Français quelques heures avant l’interview du président de la République, qui sera diffusée sur TF1 et France 2 à partir de 19h55. Il est évidemment possible qu’il n’annonce rien de spécial. Mais vu l’évolution de l’épidémie de Covid-19, cela semble peu probable.
Alors que les lits de réanimation se remplissent, notamment dans les grandes métropoles, et que le nombre de cas de coronavirus continue d’augmenter, il est malheureusement possible que l’alerte maximale soit dépassée et que le seuil fatidique de l’état d’urgence sanitaire local soit atteint dans les prochains jours.
Or, les implications sont encore inconnues. Et si le risque d’un reconfinement est dans toutes les têtes, il faut se rappeler que ce ne pourrait être que la dernière mesure mise en place. Le Conseil scientifique, dans son dernier avis du 22 septembre, rendu public le 1er octobre, estimait qu’un nouveau confinement généralisé n’était “pas souhaitable” et serait “le résultat d’un échec de la maîtrise de l’épidémie”.
Certes, les chiffres du Covid-19 ne vont pas dans le bon sens, on n’en est pas encore là. Et plusieurs mesures, décrites justement dans ce rapport de 42 pages, sont encore envisageables pour endiguer l’épidémie.
Le couvre-feu comme en Guyane
Pour l’instant, la seule piste qui a été évoquée par des sources gouvernementales dans les médias est celle d’un couvre-feu localisé, dans les grandes villes où la circulation du virus est trop importante. C’est ce qui a été mis en place en Allemagne, après la récente hausse des cas de Covid-19.
Pas illogique: une étude mise en ligne ce 12 octobre explique justement que cette mesure, entre autres, a probablement permis d’endiguer une résurgence du coronavirus en Guyane à la sortie du confinement. C’est ce qu’explique au HuffPost l’un des co-auteurs, Simon Cauchemez, chercheur à l’Institut pasteur et modélisateur du Conseil scientifique dans cet article dédié à la question du couvre-feu.
D’ailleurs, la piste de cette solution était déjà évoquée dans le rapport du 22 septembre, avec l’exemple de la Guyane. Ce type de mesure peut être déclinée “en tenant compte des territoires, des durées ainsi que des horaires retenus”, précisait alors le Conseil scientifique, donnant un exemple: “il pourrait être envisagé de procéder à un couvre-feu pour une durée limitée par exemple de quinze jours dans un nombre limité de métropoles”.
Des confinements locaux
Ce couvre-feu était présenté dans le rapport dans un ensemble appelé “option-4”. Ces mesures fortes ont pour objet de diminuer de manière importante la progression du virus, mais avec un impact important sur la société.
En dehors du couvre-feu, le Conseil scientifique évoquait également “l’intérêt d’un confinement territorial, que les métropoles doivent se tenir prêtes à mettre en oeuvre en cas de nécessité”.
Cette dernière mesure ainsi que le couvre-feu ont l’intérêt d’être “efficaces dans le contrôle de la circulation du virus”, mais “dans les phases précoces de l’épidémie, ce type de décision est difficile à prendre”, rappelait alors le Conseil scientifique, qui ne recommandait pas, à l’époque, de choisir ces options. Il recommandait plutôt “l’option 3”, qui prévoyait des mesures volontaires et obligatoires, mais moins impactantes sur la société (télétravail, visites encadrées notamment dans les Ehpad, réduction des horaires des bars et restaurants, etc.).
Bref, ce que le gouvernement a mis en place le 1er octobre. Le problème, c’est que dix jours après, les effets ne se font pas suffisamment sentir, ce qui pourrait donc pousser l’exécutif à aller vers l’option 4.
La mise à l’écart des fragiles en question
Reste tout de même une autre possibilité, évoquée par le Conseil scientifique: l’option 2. Soit “des mesures différenciées en fonction de risques très inégaux”. Ici, l’idée est de protéger les populations vulnérables, c’est-à-dire essentiellement les personnes âgées ou avec des facteurs de comorbidité.
Le rapport émettait ainsi l’hypothèse de mettre en place une “restriction volontaire ou imposée de leur activité sociale au cours des prochains mois”. En clair, cela revient plus ou moins à ne confiner que les personnes à risque. Tout en permettant au reste de la population d’éviter de nouvelles restrictions et donc des conséquences économiques et sociales importantes.
Sauf que le côté volontaire existe depuis le début du déconfinement. Or, on l’a vu à de plusieurs reprises, notamment en France et aux États-Unis, même si au début du regain épidémique les contaminés étaient principalement des jeunes, les personnes âgées finissent par être touchées. Le Conseil scientifique précise bien dans sa note que cette stratégie, “pour être efficace”, implique des mesures contraignantes. De plus, une telle stratégie devrait être en place pendant plusieurs mois et toucher tout de même 22 millions de personnes, soit plus d’un tiers de la population française.
Enfin, laisser le virus circuler dans le reste de la population implique que si la “protection” des vulnérables échoue, l’épidémie sera encore plus répandue sur le territoire et donc touchera plus de personnes vulnérables, entraînant plus de passages en réanimation et, in fine, plus de décès. C’est pour ces différentes raisons que cette option n’avait pas été retenue par le Conseil scientifique le 22 septembre dernier.
Il existe donc, rien que dans ces propositions de fin septembre, plusieurs alternatives avant un reconfinement généralisé. Aucune n’est parfaite, loin de là. Mais si l’épidémie ne diminue pas, il faudra certainement faire un choix.
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