Le bureau du représentant américain au Commerce (USTR) explique dans un communiqué vouloir attendre les résultats d’enquêtes qui concernent des taxes sur le numérique adoptées ou à l’étude dans d’autres pays et juridictions. Il précise que la suspension des droits de douane visant la France “favorisera une réponse coordonnée”.
“Ces enquêtes ont considérablement progressé, mais n’ont pas encore abouti à d’éventuelles sanctions commerciales”, souligne l’USTR.
Aucun calendrier n’a été communiqué, à 13 jours de l’expiration du mandat du président sortant Donald Trump.
“Nous prenons acte de la décision de l’administration américaine”, a déclaré le ministre de l’Économie Bruno Le Maire dans une déclaration transmise à l’AFP.
“Nous jugeons que ces sanctions sont illégitimes au regard du droit de l’OMC. Nous appelons une nouvelle fois à un règlement global des différends commerciaux entre les États-Unis et l’Europe, qui ne feront que des perdants, surtout dans cette période de crise”, a-t-il souligné. La France continuera “d’œuvrer pour qu’un accord politique avec une solution multilatérale sur la taxation du numérique soit trouvé à l’OCDE”, a-t-il ajouté.
Une trêve d’un an arrivée à expiration
“Avec Bruno Le Maire, nous poursuivrons nos efforts en vue d’un accord sur la taxation du numérique. Si les (États-Unis) reviennent sur leur décision, nous répondrons avec fermeté”, a pour sa part assuré le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester dans un tweet.
Les États-Unis menacent depuis fin 2019 d’appliquer des droits de douane supplémentaires sur certains produits français, parmi lesquels le champagne, le fromage, des produits de beauté ou des sacs à main.
L’annonce américaine a également fait réagir l’Union européenne qui se dit “prête à explorer toutes les options si les États-Unis appliquent unilatéralement ces mesures commerciales”, a prévenu sur Twitter le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis. “Nous sommes prêts à nous engager avec les États-Unis pour trouver une solution”, a-t-il ajouté.
La France a récemment confirmé qu’elle prélèverait bien au titre de 2020 sa taxe sur les “Gafa” (Google, Amazon, Facebook et Apple), et la trêve franco-américaine conclue en janvier 2020 pour un an, a expiré le 6 janvier.
Parmi les pays visés par ces enquêtes de l’USTR, l’Inde, l’Italie et la Turquie ont été menacées mercredi de sanctions commerciales par les États-Unis. Washington a estimé que les taxes sur le numérique mises en place par ces trois pays pénalisent les entreprises américaines.
Les autres pays sous le coup d’une enquête sont l’Autriche, le Brésil, la République tchèque, l’Indonésie, l’Espagne et le Royaume-Uni. Une investigation distincte vise l’Union européenne.
Ces enquêtes avaient débuté en juin 2020.
L’impact des taxes Trump sur les exportations de vins français
Les exportations de vins et spiritueux français aux États-Unis devraient chuter d’un milliard d’euros par an après l’application des nouvelles taxes punitives annoncées par l’administration Trump, selon la fédération des exportateurs du secteur FEVS.
Le manque à gagner pour la filière viticole hexagonale à la suite de la première vague de droits de douane de 25%, appliqués depuis la mi-octobre 2019 sur les produits français, est chiffré à quelque 700 millions d’euros par la FEVS.
Les taxes touchent jusqu’à présent les vins tranquilles (non effervescents) de moins de 14 degrés en bouteilles de moins de deux litres.
Leur extension annoncée aux vins en vrac, vins de plus de 14 degrés et spiritueux à base de vin comme le cognac et l’armagnac, applicable à partir du 12 janvier, devrait augmenter ce chiffre “de quelque 300 millions d’euros”, évalue César Giron, président de la FEVS.
Seuls les champagne et vins mousseux seraient exemptés de taxes. “C’est dramatique pour la filière viticole française qui avait exporté pour 1,2 milliard d’euros en 2019”, selon César Giron.
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