GAZA – Raids israéliens sur Gaza, villes barricadées après des heurts entre Juifs et Arabes en Israël et affrontements qui prennent de l’ampleur vendredi 14 mai en Cisjordanie occupée: trois fronts sont désormais ouverts dans ce nouveau conflit qui a fait plus de 120 morts en majorité palestiniens.
“On n’a pas vu des affrontements et des manifestations (de cette ampleur) depuis la deuxième Intifada”, le soulèvement palestinien contre Israël de 2000 à 2005 en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis plus de 50 ans par l’armée israélienne, a déclaré à l’AFP un responsable de sécurité palestinien.
En une seule journée et en pleine fête du Fitr marquant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, 10 Palestiniens ont été tués et plus de 150 blessés lors d’accrochages avec les troupes israéliennes dans plusieurs villes de Cisjordanie, selon un bilan officiel palestinien.
Sur un autre front, l’armée israélienne a maintenu la pression sur la bande de Gaza, renouvelant raids aériens et tirs d’artillerie sur l’enclave palestinienne densément peuplée, contrôlée par les islamistes palestiniens du Hamas.
Dans ce territoire sous blocus israélien depuis plus de 10 ans, les explosions et leurs champignons de fumée visibles à des kilomètres, ont laissé des pâtés de maisons entiers en ruines.
“Je suis plus effrayée aujourd’hui que pendant toutes les autres périodes d’escalade, le bruit des missiles israéliens est très fort, terrible, fou”, a lancé Dima Talal, une lycéenne de 17 ans à Gaza.
Parmi les cibles visées, selon l’armée israélienne, le réseau de tunnels souterrains qui permettent aux combattants et dirigeants du Hamas de se déplacer, ainsi qu’une “brigade terroriste” prête à tirer des roquettes vers Israël.
Le Hamas et les autres groupes palestiniens à Gaza ont continué à tirer des roquettes sur Israël. Selon l’armée, le bouclier antimissile “Dôme de fer” a intercepté environ 90% des 2.000 roquettes tirées depuis lundi.
“Ils payent et continueront de payer chèrement. Ce n’est pas encore fini”, a averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, après une réunion au ministère de la Défense, en annonçant une intensification possible de ces frappes.
“Nous avons peur”
Malgré les appels internationaux à la désescalade et les tentatives de médiations, le conflit continue de plus belle.
Il a fait depuis lundi 10 mai 122 morts palestiniens dont 31 enfants, et 900 blessés dans la bande de Gaza, selon un dernier bilan palestinien.
En Israël, neuf personnes ont été tués dont un enfant et plus de 560 blessées.
Face aux tirs d’artillerie de chars massés le long de Gaza ceinte d’une épaisse barrière ultrasécurisée, des centaines d’habitants de Gaza ont fui leur maison.
“Tous les enfants sont effrayés et nous avons peur pour eux”, a déclaré Kamal Al-Haddad, 53 ans, qui a fui avec sa famille pour se mettre à l’abri dans un bâtiment géré par l’ONU.
Compte tenu des risques liés aux tirs de roquettes palestiniens, l’aéroport international de Tel-Aviv est toujours fermé. Et plusieurs compagnies internationales ont annulé leurs vols vers Israël.
Le nouveau cycle de violences a été déclenché après un barrage de roquettes du Hamas tirées vers Israël en “solidarité” avec les centaines de Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Ces affrontements sur le troisième lieu saint de l’islam s’étaient produits après plusieurs jours de heurts à Jérusalem-Est, dus principalement aux menaces d’expulsion de familles palestiniennes au profit de colons juifs.
Couvre-feu
Un troisième front: l’escalade depuis mardi 11 mai avec des échanges de coups de feu entre Arabes et Juifs dans plusieurs villes mixtes d’Israël. Près de 1.000 membres de la police ont été appelés en renfort et plus de 450 personnes, Juifs et Arabes, ont été arrêtées au total dont 52 vendredi.
Jeudi, un homme a ouvert le feu à l’arme semi-automatique sur un groupe de Juifs, blessant une personne à Lod, près de Tel-Aviv, selon un témoin et la police qui a fait état dans la soirée d’une synagogue incendiée.
La ville s’apprêtait à vivre sa quatrième nuit de couvre-feu. La police a tenté d’organiser des réunions d’apaisement entre responsables des deux communautés.
“Nous ne tolérerons pas l’anarchie”, a prévenu jeudi Benjamin Netanyahu.
Et à la frontière israélo-libanaise, des soldats israéliens ont tiré sur quelques manifestants libanais qui ont réussi à brièvement s’introduire du côté israélien de la barrière. Un manifestant est mort selon l’agence nationale d’information libanaise ANI.
Alors que la violence israélo-palestinienne ne connaît pas de répit, le Conseil de sécurité de l’ONU doit discuter dimanche du conflit.
Lors d’un entretien avec M. Netanyahu, le président français Emmanuel Macron a insisté sur “l’urgence d’un retour à la paix”, soulignant le “droit à se défendre” d’Israël et “sa préoccupation au sujet des populations civiles à Gaza”.