VIRUS – “Mutation”. En ce début d’année 2021, le mot est sur toutes les lèvres, dans toutes les langues, depuis la découverte début décembre de deux variants du Covid-19 au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. “Fréquents”, “anodins”, “plus contagieux”, “plus dangereux”. Tout et son contraire circulent à propos des virus mutants. Cette confusion générale est due au fait que les mécanismes en lien avec le fonctionnement de l’ADN et des mutations sont parfois méconnus.
Qu’est-ce que c’est une mutation? Comment et pourquoi cela se produit-il? Expliquée simplement, à l’aide d’analogies comme celle du livre, comme dans la vidéo en tête d’article, la génétique des virus permet d’y voir plus clair et de comprendre pourquoi les scientifiques et les politiques ne s’empressent pas de prendre des mesures sanitaires à chaque variant.
Ce qui fait qu’un virus est unique c’est son code génétique, son ADN. Il est à l’origine de la forme, de la taille, de la virulence et de toutes les caractéristiques du virus. Les chercheurs désignent par des lettres les éléments de bases qui constituent le code génétique. Il y a en 5 : A, T, C, G et U.
L’analogie du livre
En fonction de leur combinaison, elles forment des messages, une information génétique qui une fois traduite modifie l’aspect du virus. Un virus, c’est donc un peu comme un bouquin. Chaque auteur associe à sa manière les 36 lettres de l’alphabet pour en faire des mots, des phrases et une histoire singulière. Un Musso n’est pas la même chose qu’un Levy parce que son texte est différent.
Le but d’un virus est de se multiplier, tout le reste n’est que conséquence collatérale. C’est l’unique raison de son existence. Ce qui est triste pour lui, c’est qu’il ne peut pas le faire tout seul. Il n’est pas capable de copier son matériel génétique, son ADN, sans un hôte, un autre être vivant. Autrement dit, il lui faut un éditeur, pour “imprimer” son code génétique le plus possible.
Pour ce faire, le virus s’accroche aux cellules de ceux qu’ils croisent pour “l’infecter”. C’est-à-dire déposer à l’intérieur de celles-ci son propre code génétique. Cela lui permet en quelque sorte de pirater la production génétique de la cellule et de créer des copies de lui-même. Le virus, c’est un livre, les cellules humaines sont des imprimeries.
“Chaque copie va alors aller soit infecter d’autres cellules, soit infecter un autre hôte”, explique au HuffPost Sandrine Belouzard, chercheuse au Centre d’infection et d’immunité de Lille. Malheureusement, le Covid-19 est un best-seller. Il se vend très bien, partout dans le monde.
Les virus sont des organismes qui se multiplient des millions de fois chaque minute alors à force, des erreurs se produisent. Les mutations sont en quelque sorte des fautes de frappe dans le code génétique du virus.
On parle d’un variant quand le code génétique a subi beaucoup de mutation et qu’il est donc différent du code génétique du virus d’origine. Sur les best-sellers, c’est fréquent. Plus de 12.000 versions différentes du coronavirus ont été recensées en un an d’existence, selon une étude parue dans Nature.
Personne ne s’inquiète de ces mutations, car dans la majorité des cas, elles sont anodines. “Généralement cela ne va pas rendre le document meilleur, ou pire, c’est juste une coquille”, expliquait déjà au HuffPost Emma Hodcroft, chercheuse à l’université de Bâle, spécialiste de la génétique des virus. Tout dépend où elles se produisent. “Il y a un très, très petit risque que cela change un mot clé et change ainsi tout le document, mais les chances sont minces”.
Le code génétique est divisé en séquences appelées gènes, un peu comme des chapitres. Chaque séquence détermine une caractéristique du virus. Les mutations sont inquiétantes lorsqu’elles interviennent au chapitre “Contagion” ou au chapitre “Virulence”.
Le variant, plusieurs mutations successives
Généralement, une mutation seule ne suffit pas à changer, car un code génétique est complexe et très imbriqué. Plusieurs séquences interviennent dans plusieurs caractéristiques du virus.
Malheureusement, si les scientifiques ont facilement accès au texte, il est difficile de le lire. Ainsi, quand ils identifient des mutations dans des séquences clefs, il n’est pas possible immédiatement pour eux d’indiquer si elles vont changer le fonctionnement général du virus.
Dans le cadre de la pandémie du Covid-19, seules les observations statistiques permettent de confirmer qu’une nouvelle souche est plus contagieuse. B117, le variant britannique, est majoritaire au Royaume-Uni. Comme il s’est imposé, c’est le signe qu’il est plus contagieux, d’autant plus que des mutations sont survenues dans des séquences génétiques qui influent sur la transmission du virus. Reste maintenant à établir avec certitude à quel point ce variant circule plus rapidement.
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