Au Pakistan et dans de nombreuses régions d’Asie, le phénomène est relativement peu signalé par rapport à d’autres pays – c’est l’Europe de l’Est qui enregistre le plus grand nombre de cas de corps étrangers rectaux. Dans la société pakistanaise, le sexe et la masturbation sont considérés comme des sujets tabous en raison de codes religieux et culturels stricts. Malgré cela, les médecins continuent de repêcher une gamme kaléidoscopique d’objets domestiques dans les orifices sexuels des Pakistanais.
« J’ai vu des gens qui s’étaient insérés des objets très divers, allant de choses minuscules à des choses impossibles », raconte le Dr Rizwan Azami, chirurgien général basé à Karachi. Azami a retiré chirurgicalement des objets logés chez 20 patients au cours des 40 dernières années.
Parmi les objets populaires pour la stimulation anale, on trouve de longs objets cylindriques, comme des lampes de poche, des tiges d’acier ou de fer, des aiguilles à tricoter, des godes, des vibromasseurs et, le plus souvent, des bouteilles. Mais aussi des objets de type végétal, comme des carottes, des radis et des concombres.
Parmi les autres objets signalés figurent des morceaux de bois, des pierres, des louches, des tasses en métal, des brosses à dents, des manches de brosse de toilettes, des éclats de verre et – c’est arrivé une fois – un couteau. Pour l’excitation sexuelle par l’urètre, on trouve des stylos, des fils métalliques, des clous, des thermomètres et des épingles à cheveux. La grande majorité des cas enregistrés concernent des hommes âgés de 15 à 80 ans.
Une récente étude a examiné des cas de corps étrangers rectaux utilisés pour la masturbation. Les objets trouvés comprenaient une bombe aérosol, une bougie, un étui de brosse à dents en plastique, des bouteilles et des piles.
« Le premier objet que j’ai dû retirer était un bâton vert. Le type l’avait enfoncé si loin qu’il avait perforé sa boucle intestinale et pénétré son abdomen. J’ai rencontré d’autres cas impliquant une ampoule électrique, une tige de fer, une bouteille et une brosse à cheveux », raconte Feroz Khawaja, médecin urgentiste à Lahore. Khawaja a rencontré une dizaine de cas d’insertion de corps étrangers en l’espace d’un an.
D’après les médecins, les motivations derrière cette pratique sont souvent les mêmes, à savoir l’expérimentation sexuelle et le masochisme. « Les humains sont des créatures curieuses. Ils cherchent à augmenter leur plaisir en utilisant divers objets », explique Tahira Rubab, sexologue basée à Lahore.
Au Pakistan, les perceptions et les attitudes du public concernant la sexualité et la masturbation sont largement dictées par la religion et la politique. Les discussions autour du sexe suscitent souvent des protestations et des critiques de la part du public.
Selon une enquête sur les attitudes sexuelles des jeunes hommes de la province méridionale de Sindh, 94 % des personnes interrogées admettent se masturber, mais 74 % d’entre elles y associent un sentiment de culpabilité. La politique moraliste de la société et l’absence d’une éducation sexuelle adéquate ont conduit les gens à réprimer de plus en plus leurs désirs et leurs angoisses sexuels.
« J’ai vu des gens pleurer devant moi lorsqu’ils dévoilaient leurs fantasmes sexuels, parce qu’ils avaient l’impression de n’avoir personne à qui parler de ces choses, ce qui entraîne de la frustration. Il n’y a pas d’endroit où ils peuvent obtenir les informations les plus élémentaires sur le sexe et leur propre corps », poursuit Rubab.
Dans la plupart des cas d’insertion de corps étrangers à des fins sexuelles, les patients n’osent révéler les causes de leurs blessures, rapportent les médecins. L’embarras social conduit même beaucoup d’entre eux à retarder la recherche d’une aide médicale en premier lieu.
« Ils sont contrariés de devoir s’expliquer. C’est comme si vous vous dénonciez au lieu de vous faire prendre. Ils ne veulent pas en parler et ils ont honte. Expliquer la situation à un étranger est déjà assez difficile en soi, mais ils ont aussi peur, au fond d’eux, qu’un médecin aille tout déballer devant leur famille ou leurs accompagnateurs. C’est très éprouvant pour eux », explique Azami.
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