FOOTBALL – La saison de Ligue 1 reprend maintenant dans deux semaines, avec un alléchant Marseille – Saint-Étienne le 21 août, mais tous ses acteurs — sur et en dehors des terrains — sont-ils bien prêts pour ce retour?
Alors que près de 20 joueurs de L1 ont récemment été testés positifs au Covid-19, perturbant la préparation estivale de plusieurs clubs (notamment Strasbourg avec 9 cas recensés), se pose actuellement une interrogation à plusieurs inconnues: comment s’organisent les clubs de l’élite dans leur campagne d’abonnements et de réabonnements, alors que la jauge de 5000 spectateurs par match est pour l’instant maintenue?
Certes, à compter du 15 août, le préfet de chaque département pourra accorder à titre exceptionnel une dérogation, après analyse des facteurs de risques, qui pourra permettre de revoir cette jauge à la hausse.
Si cette dérogation pourra être reconduite d’un match à l’autre dans le cadre d’un championnat, le préfet pourra aussi décider d’y mettre un terme à n’importe quel moment, si les conditions sanitaires ou d’organisation ne sont plus réunies.
Et avec l’accélération de l’épidémie ces derniers jours en France, il y a de quoi être pour le moment pessimiste sur une augmentation du nombre de spectateurs par enceinte.
En attendant d’en savoir plus d’ici le week-end du 22 août, les 20 clubs de L1 s’adaptent et bricolent comme ils peuvent pour vendre leurs abonnements pour la saison 2020-2021, adoptant différentes stratégies commerciales.
L’ancienneté récompensée
À Strasbourg, dans le cas où un match ne pourrait accueillir la totalité des abonnés — qui étaient 19.000 la saison dernière —, chacun d’entre eux disposera d’une priorité d’accès au stade sur la base de son ancienneté. Toute personne sera par ailleurs remboursée à hauteur de 1/19 e de la valeur de son abonnement pour chaque match auquel elle n’a pu se rendre pour ces raisons.
Même procédé à Metz, où les 6500 abonnés (au 4 août) “ne paieront que ce qu’ils verront”, selon le directeur commercial du club interviewé par France Bleu Lorraine Nord.
Le Stade rennais, après sa belle troisième place de la saison dernière, a lui connu une campagne record avec 15.000 abonnements vendus, selon Ouest-France.
S’il envisageait la possibilité de demander une dérogation pour le premier match à domicile face à Montpellier le 29 août, le club anticipe naturellement une jauge bloquée à 5000 spectateurs. Pour cela, le Stade rennais a prévu un débit différé pour les paiements des abonnements. Les spectateurs abonnés qui n’auraient pas pu assister à un ou plusieurs matches en raison de la jauge ne seront pas débités de la totalité du prix de leur abonnement, indique France Bleu Armorique. Mais rien n’indique comment seraient “choisis” les 5000 abonnés sur les 15.000 pouvant assister à ce premier match.
Ce sera le même enjeu à Lens, qui, retrouvant l’élite pour la première fois depuis cinq ans, a déjà écoulé 20.000 abonnements en un peu plus d’un mois. Contacté par Le HuffPost, le directeur commercial du club indique qu’une solution ne sera pas tranchée avant la mi-août.
On touche là un problème, notamment pour les clubs qui revendiquent un nombre élevé d’abonnés chaque saison, comme le PSG (35.000 pour 2019-2020) l’OM (33.000), Lille (26.000) ou Lyon (22.000).
Cette jauge de 5000 spectateurs crispe en effet les groupes de supporters, comme à Marseille où ceux-ci ont rejeté l’idée de faire le tri parmi leurs membres abonnés. Rien que les South Winners et leurs 7000 adhérents dépassent à eux seuls la jauge. “Pour le moment, (…) nous continuons de mener une réflexion avec les groupes de supporters, en fonction des mesures gouvernementales concernant l’accueil de spectateurs dans les stades”, temporise auprès du HuffPost le club marseillais, qui préfère pour le moment ne pas mettre en vente ses abonnements pour le grand public.
Interruption de vente, retardement et boycott
À Nice, les Ultras Populaire Sud ont eux choisi de boycotter les matches à domicile “tant que les restrictions ne seront pas levées”. “De notre point de vue, il était inenvisageable d’avoir à faire une sélection parmi nos membres et d’être assis avec une distanciation de plusieurs sièges dans notre tribune”, explique le groupe dans un communiqué publié cette semaine sur les réseaux sociaux.
Il faut dire que les mesures barrières qui devront être appliquées dans les stades — spectateurs assis, portant un masque et distance minimale d’un siège entre groupes de 10 personnes maximum venant ensemble ou ayant réservé ensemble — sont quasiment inadaptables aux groupes ultras et à leur univers festif fait de chants, gestuelles et regroupements, le tout en restant debout 90 minutes.
Pour le reste de son public, le club niçois a indiqué au HuffPost que son “offre d’abonnements a été pensée pour permettre à chaque abonné de ne payer que pour les matches auxquels ils assisteront”, avec une priorité aux anciens abonnés pour la première rencontre contre Lens le 22 août.
Avec une limitation du nombre de spectateurs, il devrait par ailleurs être presque impossible d’espérer une vente de places au match sec, sur internet ou aux guichets des stades, pour les clubs qui ont déjà lancé leur campagne de réabonnements/abonnements sans aucune limitation. “Jusqu’au retour à la normale, nos abonnés uniquement pourront avoir une chance d’assister à un match”, nous confirme l’OGC Nice.
Ce ne sera pas le cas de l’AS Saint-Étienne, qui adopte une stratégie commerciale complètement différente. Aucun abonnement ne sera vendu tant que la situation sanitaire ne sera pas stabilisée. Les billets seront donc vendus uniquement à l’unité pour les premiers matches de championnat, rapporte L’Équipe.
À Angers, après le succès de la campagne de réabonnements en juillet, on a préféré retarder celle réservée aux nouveaux abonnés et aviser plus tard en fonction de l’évolution sanitaire.
Le FC Lorient, promu en Ligue 1, a lui choisi d’interrompre provisoirement sa campagne “pour ne pas se voir contraint de faire trop de déçus parmi ses abonnés en leur refusant l’accès au stade”, selon un communiqué du club publié le 22 juillet.
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