“J’ouvre avec 15 ans d’avance les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont rapport avec la guerre d’Algérie”, a-t-elle ainsi annoncé sur BFMTV. Une déclaration qui intervient deux jours après la visite à Alger du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.
“On ne construit pas un roman national sur un mensonge”
“Je veux que sur cette question -qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de l’histoire à l’œuvre- je veux qu’on puisse la regarder en face. On ne construit pas un roman national sur un mensonge”, a argué la ministre. “C’est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines. A partir du moment où les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c’est à partir de ce moment-là qu’on peut construire une autre histoire, une réconciliation”, a poursuivi Roselyne Bachelot.
“On a des choses à reconstruire avec l’Algérie, elles ne pourront se reconstruire que sur la vérité”, a estimé la ministre de la Culture, qui a dans son périmètre la question des archives.
Reconnaître la torture et soigner les plaies
Interrogée sur les conséquences de cette décision, notamment sur la confirmation à venir d’actes de torture commis par l’armée française en Algérie, “c’est l’intérêt du pays que de le reconnaître”, a ajouté Roselyne Bachelot. Cette annonce s’inscrit dans la politique de réconciliation mémorielle initiée par le chef de l’Etat, Emmanuel Macron. Le 13 septembre 2018, il reconnaissait que la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Audin, en 1957 à Alger, était le fait de l’armée française et promettait à sa famille un large accès aux archives.
Le 9 mars 2021, poursuivant sa politique de “petits pas”, le chef de l’Etat avait annoncé une simplification des accès aux procédures de déclassification des archives classifiées de plus de 50 ans, permettant d’écourter les délais d’attente liés à cette procédure.
En janvier 2020, un rapport remis par l’historien Benjamin Stora qui détaillait les conséquences de la guerre d’Algérie dans la société française, 60 ans après avait déclenché une avalanche de commentaires. Preuve que la plaie mémorielle sur ce sujet est loin d’être refermée et qu’il y a urgence à poser des mots sur ce douloureux passé.
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