Les chefs d’États européens se réunissent en effet à Bruxelles pour le Conseil européen et ont de nombreux dossiers sensibles à l’ordre du jour. Si le Brexit et la crise du covid-19 occuperont une large part des discussions, les 27 devraient également évoquer le plan de relance (âprement négocié) prévoyant une enveloppe de 1800 milliards d’euros pour aider les économies européennes en souffrance.
La conditionnalité de l’accès au Plan de relance
Si les partenaires sont tombés d’accord sur le cadre global du plan, il reste encore quelques détails à régler. “La négociation achoppe sur trois sujets : celui du mécanisme de conditionnalité sur l’État de droit, la question des montants sur un certain nombre de programmes et la question du calendrier”, observe-t-on à l’Élysée.
Et c’est sur le premier point que la Hongrie et la Pologne, épinglées à plusieurs reprises pour leurs politiques vis-à-vis des personnes LGBT mais aussi pour leur remise en cause de la séparation des pouvoirs, jouent clairement l’obstruction, et menacent de tout bloquer pour faire sauter cette conditionnalité. Pour rappel, Budapest et Varsovie sont visés par des procédures du Parlement européen visant à “déterminer si l’État de droit” y est toujours respecté.
“Parmi les craintes soulevées par les députés figuraient l’indépendance de la justice, la liberté d’expression, la corruption, les droits des minorités ainsi que la situation des migrants et des réfugiés”, peut-on lire sur le site de l’Institution. Mais à Paris, on voit mal ces deux pays mener leurs menaces à leur terme. “Je ne crois pas à un blocage durable sur le sujet de l’État de droit”, observe un conseiller élyséen, soulignant que “ceux qui bloquent ont aussi intérêt à avoir accès aux financements européens”.
“L’essentiel et l’accessoire”
“Plus le temps passe, plus la possibilité d’y avoir accès en temps voulu diminue”, poursuit-on de même source, laissant entendre que les deux pays concernés n’ont pas vraiment les moyens d’arriver à leurs fins sur cette question. Car “le fait est que la Pologne comme la Hongrie ont chacune un intérêt fondamental à mettre en œuvre leur Recovery Plan”, note une source diplomatique, soulignant qu’il s’agira pour ces deux pays “d’arbitrer entre l’essentiel et l’accessoire”.
Autrement dit, entre une posture sur l’État de droit (contredisant nombre de traités européens déjà ratifiés par ces pays) et l’urgence vitale de la réception des fonds européens dans un contexte de crise économique majeure. Emmanuel Macron profitera-t-il de cette réunion à Bruxelles pour mettre les pieds dans le plat?
Quelques jours avant l’organisation de ce sommet, le gouvernement français montait au créneau pour demander à la Commission européenne d’ajouter à la liste des infractions de l’UE “toutes les formes de crimes de haine et de discours de haine, fondés sur l’origine, la religion, le genre, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre”.
À l’initiative de cette offensive, Élisabeth Moreno, secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes et Clément Beaune, son collègue en charge des Affaires européennes. Les deux dénonçaient de concert les “atteintes intolérables aux droits fondamentaux” dans l’Union européenne. Le ton est donné.
À voir également sur Le HuffPost: Von der Leyen plaide pour la reconnaissance des familles LGBT en Europe