MASQUES – C’est officiel: d’ici la fin du mois d’août, nous irons travailler masqués. Le port du masque va en effet être rendu obligatoire en entreprise, à l’exception des bureaux individuels, a annoncé ce mardi 18 août la ministre du Travail Élisabeth Borne.
“Il est nécessaire systématiser, comme l’a préconisé le Haut conseil de la santé publique (HCSP), le port du masque dans tous espaces de travail qui sont clos et partagés”, comme les “salles de réunions, couloirs, vestiaires, open space”, a-t-elle expliqué.
En attendant un nouveau protocole avec des mesures spécifiques à définir, le télétravail reste recommandé dans les zones de circulation active du virus.
Si le port du masque s’impose pour le moment comme la solution contre la propagation du coronavirus au sein des open spaces, d’autres pistes pourraient être explorées à l’avenir. En effet, depuis le déconfinement, les différents experts du secteur planchent sur différentes pistes d’aménagement des espaces de travail et des bonnes pratiques à adopter pour réduire les risques de contamination.
Panneaux transparents
À part le masque, l’autre “outil” qui apparaît comme une solution est la vitre plastique, que l’on a déjà vue se dresser derrière les chauffeurs de taxi, mais aussi devant les caisses des supermarchés ou les comptoirs des boutiques. “Quel que soit le matériau translucide que vous choisissez, ça commence à être la pénurie. Depuis la mi-avril, nos fournisseurs ne s’engagent plus sur les délais et les prix montent”, explique Charlie Wagemans, le patron de Signasolution, une PME, spécialisée en signalétique et équipement d’extérieur, contacté par Le Monde.
Et pour cause, comme le verre, ces matières sont nettoyables à l’eau et au savon. Placés entre deux salariés, ces panneaux transparents les isolent et les protègent à la manière d’un bouclier.
Auprès de Wired, un expert qui s’est penché sur la réouverture des espaces de travail après le confinement affirme que nous allons “voir beaucoup de Plexiglas” à l’avenir.
Dans ce même article est aussi annoncé l’avènement, ou plutôt le retour, difficile à imaginer en France, des “cubicles”. Il s’agit de bureaux à cloison extrêmement populaires aux États-Unis dans les années 60.
En France, des guides de bonnes pratiques ont déjà été édités afin de donner des clés aux entreprises. Parmi ceux-ci, l’étude de Steelcase sur “L’espace de travail post Covid-19”, qui établit des pistes d’organisation des bureaux à court, moyen et long termes.
Benchs modulables, rotation des équipes
Parmi les mesures à court terme détaillées dans ce rapport, on trouve par exemple la disposition des benchs (bureaux modulables) ”en damiers
pour éviter que les individus ne se retrouvent côte à côte ou face à face”, la séparation des espaces par “des écrans ou des panneaux”, ou encore l’utilisation de “ruban adhésif ou tout autre repère visuel pour instaurer une distance appropriée entre employés”.
Contacté par LCI, Franck Zorn, PDG de Deskeo, estime, lui, qu’il faut en premier lieu “déterminer qui sont les gens à faire revenir et si l’on peut créer des rotations pour respecter la distance sociale et les règles de sécurité”. Avec l’objectif, ensuite, de “réduire les effectifs, de faire venir les salariés au bureau pendant certains jours et de redémarrer l’activité, petit à petit”.
L’hygiène et la désinfection des bureaux comme de tout le mobilier sont, bien sûr, primordiales.
Autre piste, évoquée cette fois par Forbes, qui s’est entretenu avec Nathalie Rigaut, consultante chez Steelacase: celle du “sans contact” au bureau. Selon elle, “des solutions pour la santé et la sécurité des collaborateurs qui s’appuient sur les recherches scientifiques et technologiques seront développées. Par exemple: commandes vocales ou gestuelles pour régler un bureau ou ouvrir des portes”.
À plus long terme, c’est peut-être toute l’organisation du travail en entreprise qui devra être repensée. Le télétravail, testé grandeur nature par de nombreux Français depuis mars, pourrait, à défaut de devenir la norme, être au moins adopté par la majorité des entreprises à petites ou moyennes doses.
Flex office et clean desk
L’autre forme d’organisation du travail qui attire l’attention est celle du “flex office” (ou nomadisme en français). Il s’agit ici de la pratique selon laquelle aucun salarié n’a de bureau fixe. Après chaque journée de travail, il range ses affaires personnelles dans un casier individuel, laissant son bureau vierge. Le lendemain, il travaillera certainement à un autre endroit dans l’entreprise. Son bureau, lui, sera utilisé par un autre.
À première vue, cette organisation peut poser problème, car plusieurs individus utilisent les mêmes outils de travail. Comment assurer l’hygiène dans ces conditions? Ce n’est pas un problème pour, Delphine Minchella, enseignante-chercheuse en Management stratégique qui écrit dans The Conversation une tribune en faveur du “clean desk”. “Le nettoyage des bureaux est effectué par des prestataires de service aux gestes strictement encadrés et réglementés, or ces derniers n’ont pas le droit de toucher aux effets personnels des occupants des locaux. Ainsi, un bureau où demeuraient constamment documents, photos de famille ou pot à crayons poserait un vrai problème de sécurité sanitaire, ce qui ne saurait être le cas du bureau dépersonnalisé puisqu’il doit être vidé systématiquement”, explique-t-elle.
Couplé à une rotation des équipes et au télétravail, le “flex office” pourrait devenir une solution envisagée par les entreprises dans les années à venir. En ce qui concerne le futur proche, il faudra attendre le protocole sanitaire du gouvernement à destination des entreprises et porter son masque au travail. Si l’on n’est pas en télétravail, bien entendu.
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