Alors que la présidente déléguée du groupe LREM à l’Assemblée apportait son soutien à la ministre de l’Enseignement supérieur, elle a cité en exemple une conférence donnée par le rappeur à l’École normale supérieure pour illustrer “ce qui se passe dans les universités françaises”. Voici donc ce qu’elle a déclaré: “Vous avez par exemple ce rappeur islamiste Médine, vous savez, celui qui disait qu’il fallait tuer les laïcards, est-ce légitime qu’une école aussi prestigieuse que l’ENS donne la parole à celui qui appelle au meurtre?”.
La candidate malheureuse à la présidence du groupe LREM fait ici référence au titre “Don’t laïk”, sorti en 2015, dans lequel l’artiste rappe: “Crucifions les laïcards comme à Golgotha”. Auprès de Mediapart, Médine conteste une nouvelle fois tout appel au meurtre (ce qui est de toute façon interdit) et estime que l’élue macroniste est allée trop loin. “C’est la fois de trop”, regrette-t-il, avant de préciser les raisons qui le conduisent à porter plainte pour diffamation :“Elle me colle une idéologie qui n’est, bien sûr, pas la mienne”.
Pour ce qui est de l’exemple cité par Aurore Bergé, le rappeur explique que l’élue refuse de voir la dimension artistique du texte. “C’est une phrase à ne pas sortir de son contexte. Si on le fait, elle change de sens. Le morceau est une succession d’absurdités, d’oxymores. Cela correspond à un type d’écriture qui exacerbe les choses. La finalité étant d’exorciser la laïcité et lui redonner ses lettres de noblesse”, justifie le Havrais, soulignant que dans le même titre il loue la “chère valeur” de la laïcité.
“C’est mon honneur qui est mis en jeu”
Et Médine de citer des figures de la chanson française pour étayer son propos: “Si l’on devait sortir les phrases de leur contexte comme cela, les morceaux de Brassens auraient aussi un tout autre sens. Par exemple, quand il fait sodomiser un juge dans “Gare au Gorille” à la fin de son morceau. Si on isolait une seule de ses phrases, elle signifierait autre chose. Si on isolait la phrase de Sardou qui dit que lui vient ‘l’envie d’éclater une banque / De [s]e crucifier le caissier’, cela ferait dire tout autre chose au morceau du chanteur et à sa carrière. Renaud disait aussi: ‘La Marseillaise, même en reggae / Ça m’a toujours fait dégueuler’”.
Invitant Aurore Bergé à explorer le contenu de la conférence à laquelle il a participé à l’ENS, le rappeur assure n’avoir “rien de personnel” contre l’élue LREM. Pour autant, il dit attendre “une condamnation et des excuses publiques”. “C’est mon honneur qui est mis en jeu”, insiste-t-il. Pour rappel, Médine s’est très souvent retrouvé dans la tourmente médiatico-politique, avec comme point d’orgue son concert programmé (et finalement annulé) au Bataclan en 2018.
L’artiste s’était notamment attiré les foudres de l’extrême droite et de la droite, en raison de son album “Jihad: le plus grand combat est contre soi-même”, sorti en 2005. Un titre dont ses détracteurs ne retenaient que le début, qui plus est à la lumière des attentats commis sous le quinquennat Hollande. “J’ai toujours utilisé la provocation comme un ‘piège positif’. L’idée est d’amener les gens par la provocation”, assumait le rappeur en 2015 aux Inrocks. En 2017, il était longuement revenu pour Clique TV sur le choix de ce titre d’album.
À noter que tous chez La République en Marche ne partagent pas la vision d’Aurore Bergé sur Médine. Récemment, France Télévisions a réalisé le documentaire “Médine Normandie” sur la carrière du rappeur. Et parmi les intervenants, apparaît à l’écran le député LREM de la Vienne Sacha Houlié, lequel a d’ailleurs contribué la promotion du film. Contactée par Le HuffPost, Aurore Bergé a indiqué ne pas vouloir “commenter une affaire judiciaire en cours”.
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