Pour les agriculteurs, ce froid fait craindre le risque de gel pour leurs cultures. Mais ce phénomène climatique n’est pas une anomalie en soi, les épisodes de gel tardifs étant même relativement fréquents. Le souci vient plutôt des pics de chaleur qui ont eu lieu en mars.
Avec des niveaux d’ensoleillement records dans certaines régions et des températures jusqu’à 8°C au-dessus des normales saisonnières, la chaleur précoce à la fin de l’hiver et au début du printemps a entraîné un bourgeonnement des cultures. Une vague de froid tardive peut alors ravager ces plantes.
“En avril, ne te découvre pas d’un fil”
Le fameux adage est un rappel, s’il en faut, qu’il n’est pas exceptionnel d’avoir des températures froides en avril. Ce qu’il l’est plus, c’est de voir les dernières gelées arriver de plus en plus tôt dans l’année. Ainsi, les ultimes épisodes de froid arrivent désormais jusqu’à vingt jours plus tôt que d’ordinaire, conséquence du réchauffement climatique.
Si l’on a pu penser que l’arrivée de ce froid printanier serait une bonne nouvelle, la réalité n’est pas aussi simple. Car le changement climatique est aussi la cause de ce “faux printemps”. De plus, comme l’expliquait l’an dernier au HuffPost le climatologue Robert Vautard, directeur de recherche au CNRS, “les études montrent que l’apparition des ‘faux printemps’ n’est pas compensée par la diminution des gels tardifs”.
La plante se retrouve alors prise dans un yo-yo climatique, avec un rythme des saisons perturbé qui dérègle les cultures et leur phénologie (c’est-à-dire le processus par lequel passe la plante au cours de son développement: l’apparition de bourgeons, la floraison, etc.). Conséquence pour les agriculteurs, le risque est grand de voir le gel détruire des cultures en plein développement.
Conséquence visible du changement climatique
Face au réchauffement, le milieu agricole doit s’adapter. Comme l’expliquait encore Robert Vautard, “on observe de plus en plus de records de chaleur en hiver, ça devient vraiment fréquent. Cette tendance est directement liée au changement climatique”. Le climatologue ajoutait que les épisodes de “faux printemps” vont se poursuivre, laissant les plantes toujours aussi vulnérables en cas d’épisodes de gel en avril.
Particulièrement important l’an dernier, le risque de destruction des plantations semble moins important cette année selon Olivier Proust, météorologue pour Météo France. Expliquant lors d’un point presse la vague de froid à venir, il relativise ainsi le degré d’intensité potentielle des gelées: “les vignes notamment devraient moins souffrir, même si la vigilance est de mise pour l’arboriculture ou les céréales”.
À cela s’ajoute un autre problème: l’arrivée du froid ne devrait pas amener de précipitations abondantes, comme l’explique Olivier Proust. Alors que l’hiver a été particulièrement sec, le secteur agricole fait donc également face à un autre risque: la sécheresse.
Une préoccupation qui intervient dans un contexte déjà tendu pour l’agriculture, marqué notamment par l’augmentation des prix des céréales en raison de la guerre en Ukraine. “En France, il n’y aura pas de risque de pénurie. Mais il y a un risque de prix”, a souligné le ministre Julien Denormandie, alors qu’Emmanuel Macron avait alerté sur une possible “crise alimentaire sans précédent”.
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