Mais certaines autorités de santé ont été plus loin. À La Rochelle, le masque est également obligatoire depuis le 21 juillet en extérieur dans certaines rues de la ville (les plus fréquentées) et dans les marchés ouverts. Ce jeudi 23 juillet, la Belgique a imposé le masque dans tous les endroits très fréquentés y compris en extérieur, tels les marchés, brocantes et rues commerçantes.
Ces mesures sont-elles utiles, alors que la plupart des études scientifiques concluent que les contaminations liées au coronavirus ont, dans l’écrasante majorité, lieu en intérieur? Tout dépend du contexte et de votre environnement.
Un virus qui apprécie les espaces clos
Commençons par rappeler quelques éléments qui font plutôt consensus dans la communauté scientifique. D’abord, s’il reste encore beaucoup à apprendre, il semble assez clair que le masque, s’il est porté par tout le monde, diminue le risque d’infection (Vox a résumé plusieurs études sur le sujet).
Concernant la question de l’extérieur maintenant, l’écrasante majorité des clusters détectés se sont formés dans un espace clos. En Chine, selon le rapport de l’OMS, environ 8 contaminations sur 10 ont eu lieu au sein du foyer. Une autre étude prépubliée (non relue par des pairs) évoque un chiffre similaire.
Dans une autre étude mise en ligne le 16 avril (non revue par des pairs), des chercheurs japonais ont analysé 110 cas dans 11 clusters avant les premières mesures fortes de confinement. “Les risques qu’un cas primaire transmette le Covid-19 dans un environnement fermé sont 18,7 fois plus importants comparé à un environnement en plein air”, estiment les chercheurs.
Dans d’autres travaux prépubliés début juin, des chercheurs ont tenté d’analyser l’origine des clusters qui ont fait l’objet d’une analyse via une étude scientifique. Sur les 201 foyers épidémiques recensés, 22 types de lieux ont été identifiés. Un seul était uniquement extérieur: un site de construction.
Un air plus dilué
Mais comment expliquer ces statistiques? Rien n’est sûr à 100%, mais il y a une certaine logique. “Il est important de comprendre que les infections commencent avec une dose minimale infectieuse de virus”, explique à Vox la virologue Angela Rasmussen. La circulation de l’air est logiquement plus importante qu’en intérieur, ce qui peut justement disperser les particules de virus et réduire la concentration.
De plus, ″à l’extérieur, des éléments comme le soleil, le vent, la pluie, la température ambiante et l’humidité peuvent affecter l’infectivité et la transmissibilité du virus. Bien que nous ne puissions pas dire que le risque est nul, il est probablement faible”, estime la chercheuse.
Mais les preuves s’accumulent ces dernières semaines pour dire que le coronavirus ne se transmet pas uniquement via des gouttelettes, projetées à moins de 2 mètres, mais également par la voie des airs, par des aérosols. Alors ne pourrait-on pas se dire que cela change la donne? Pas vraiment, mais cela ne veut pas dire que le masque est totalement inutile en extérieur.
Masque et cigarette
Le masque permet d’éviter de propulser des particules de virus à distance. Mais même si celles-ci s’envolent, vous avez peu de chances, si vous êtes à une vingtaine mètres de quelqu’un en extérieur, d’être contaminé. Car comme dit plus haut, les particules vont se disperser avec les flux d’air. Même chose dans une pièce bien aérée.
Il faut s’imaginer que le virus, s’il est aéroporté, fonctionne un peu comme une fumée de cigarette. On la sent fortement quand on est proche, mais si on est dans un petit espace clos et mal ventilé, on va finir par la sentir, même si le fumeur se situe à plusieurs mètres de nous.
À l’inverse, la fumée est vite diluée dans un parc, une rue ou un marché… sauf si vous êtes juste à côté du fumeur. Et c’est ici que le masque peut avoir son utilité, même en plein air. Car si l’on ne peut pas respecter les distances de sécurité, même en extérieur, le risque est alors plus important d’inspirer suffisamment de charge virale pour contracter le coronavirus. S’il n’y a pas encore d’études ou de cas d’école clairs sur le sujet, ce principe de précaution semble en tout cas logique.
De plus, “les lieux très fréquentés, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, rendent difficile le maintien d’une distance physique et peuvent entraîner la propagation de COVID-19”, explique dans Global News Vinita Dubey, médecin hygiéniste à Toronto.
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