“La loi n’est pas encore passée, je suis très attentive à toute proposition pour qu’on puisse éviter cela”, a assuré la ministre devant la presse à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), lors d’une visite dédiée au lancement d’une charte nationale pour les plages sans déchets plastiques.
“Il n’y aura plus de filière sucrière en France”
“Malheureusement, aujourd’hui on ne peut pas, si on veut garder une filière sucrière en France, agir de manière durable en si peu de temps”, a-t-elle souligné. “Des semis vont être faits dans six mois, si on n’a pas trouvé de solution, ils ne se feront pas et donc il n’y aura pas de betteraves et il n’y aura plus de filière sucrière en France”, a-t-elle poursuivi.
Le gouvernement a annoncé jeudi qu’il vise une modification législative à l’automne pour autoriser les agriculteurs à utiliser dès 2021 et jusqu’en 2023 maximum, sous “conditions strictes”, des semences de betteraves enrobées d’un insecticide interdit depuis 2018, afin de “pérenniser” la filière sucrière française, malgré l’opposition des apiculteurs et défenseurs de l’environnement.
“Les solutions pour qu’on n’ait plus à utiliser de néonicotinoïdes commencent à apparaître, mais ce sont des solutions qui prennent du temps”, selon Barbara Pompili. Elle a dit “regretter amèrement” qu’“il n’y ait pas eu assez de mesures claires” pour appliquer la loi bioversité de 2016 interdisant les néonicotinoïdes, qui s’attaquent au système nerveux des insectes, dont les abeilles.
“Comme il n’y a pas eu assez de recherches, assez d’alternatives, aujourd’hui on est dans le mur”, a-t-elle expliqué. “Moi je veux bien qu’on dise: ‘on ferme les sucreries de France, pourquoi pas’? Le choix qui a été fait, c’est de les garder ces sucreries. Pour qu’on ait des betteraves, il faut qu’on en plante”.
46.000 emplois en jeu
Elle a assuré que la décision de déroger à l’usage de certains insecticides est “très restrictive, on ne parle que des betteraves, si on a un hiver doux, on parle de limitation dans le temps, c’est à dire qu’on parle d’une fois, renouvelable deux fois, mais je peux vous dire que ce sera le plus difficilement possible”. “Je ne veux pas que quiconque puisse croire que ce n’est pas dangereux”, a-t-elle assuré.
Pour rappel, c’est pourtant Barbara Pompili qui avait réclamé et obtenu de haute lutte l’interdiction de ce produit lorsqu’elle était secrétaire d’État à la Biodiversité dans le gouvernement Valls en 2016. Ce que ne manquent de rappeler les détracteurs de la ministre, qui exhument une vidéo dans laquelle elle livrait un sévère réquisitoire contre cette substance à l’Assemblée nationale.
Selon le ministère de l’Agriculture Julien Denormandie, il y avait urgence à agir sur la jaunisse de la betterave pour sauver le secteur qui en France, premier producteur de sucre européen, concerne 46.000 emplois.
À voir également sur Le HuffPost: Les terrasses chauffées bientôt interdites, annonce Barbara Pompili
En savoir plus sur L'ABESTIT
Subscribe to get the latest posts sent to your email.