POLITIQUE – Un plan “historique”, d’une ampleur “historique” à la hauteur d’une crise “historique”. Voilà comment le gouvernement présente le plan de relance intitulé “France relance” qui sera présenté ce jeudi 3 septembre par Jean Castex à l’issue du conseil des ministres qui se tient à l’Élysée dans la matinée.
100 milliards d’euros, dont la moitié doit être financée par l’Union européenne, sont débloqués pour relancer l’économie et contenir les 4 points de PIB perdus avec la crise du Covid-19. Trois piliers sont annoncés et portés par les trois ministres concernés: la compétitivité et l’innovation des entreprises (35 milliards d’euros) pour Bruno Le Maire, la transition énergétique (30 milliards d’euros) pour Barbara Pompili et 35 milliards d’euros pour la cohésion sociale et territoriale incarnée par Élisabeth Borne.
L’esprit général du plan est de préserver l’emploi et de relancer la machine à court terme, mais également de préparer la France à trois grands enjeux à horizon 2030: la transition énergétique, la concurrence technologique et la révolution numérique.
30 milliards pour la transition écologique
Sans manquer de rappeler que le plan de relance de 2008 était équivalent à ce seul pilier, le gouvernement tient à “verdir” l’économie française. Il a ciblé les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre pour accélérer leur transition vers une économie propre. Premier chantier, les transports. Avec 11 milliards d’euros, priorité est donnée au ferroviaire avec le développement de nouvelles lignes de train, aux transports en commun avec la création d’une filière d’hydrogène vert et au plan vélo. Des aides pour l’achat de véhicules propres sont également prévues.
Accès à la rénovation énergétique
Deuxième axe du plan: la rénovation énergétique des bâtiments publics (4 milliards d’euros) et des logements (2 milliards). Le dispositif “Ma prime renov’” pour refaire son logement et éviter les passoires thermiques sera étendu à tous les Français à partir de 2021. L’objectif est de relancer le secteur du BTP et dans le même temps de faire des économies sur les factures tout en réduisant l’impact environnemental. Les copropriétés et les bailleurs, angles morts de cette politique, seront particulièrement visés.
Enfin les entreprises seront accompagnées à hauteur de 9 milliards d’euros pour accompagner leur mutation, notamment via la recherche et le développement et atteindre la neutralité carbone en 2050. Le secteur agricole obtient lui 1,2 milliard d’euros pour favoriser les circuits courts et aller vers une agriculture durable certifiée à “haute valeur environnementale”. La refonte de certains réseaux d’eau potable, notamment en outre-mer, est également prévue.
35 milliards pour la compétitivité et l’innovation des entreprises
Le gouvernement a été clair: le financement de ce plan ne passera pas par des hausses d’impôts. Il mise sur un retour de la croissance pour en financer une grande partie par des “effets de levier” permis par l’injection massive de capitaux dans l’économie. Matignon souhaite dépasser le clivage “politique de l’offre” ou de “la demande” pour relancer l’économie.
Dans ce contexte, des baisses d’impôts sont prévues pour les entreprises. C’est la seule mesure pérenne de tout le plan de relance: la baisse des impôts de production à hauteur de 10 milliards par an. L’objectif est d’atteindre le même niveau d’imposition que dans les autres pays européens pour être concurrentiel sur le marché. Le secteur de l’industrie est particulièrement concerné (37%) ainsi que le commerce (15%). Les entreprises intermédiaires seront les principales bénéficiaires de cette aide à hauteur de 46%.
Dans une vision de court terme toujours, 3 milliards de garanties de l’État sont débloquées pour permettre aux entreprises qui ont des problèmes de trésorerie de renforcer leurs fonds propres, en partenariat avec la banque publique d’investissement.
Technologie et numérique
Sur le volet innovation et donc cette fois dans une approche de moyen terme, la technologie et le numérique sont principalement mis en avant, dans le public et le privé. L’État accélérera sa numérisation avec 1,6 milliard d’euros, ce qui bénéficiera au secteur privé du numérique. 500 millions d’euros sont prévus pour les collectivités territoriales afin de développer le très haut débit sur le territoire.
Côté entreprises, un soutien à l’investissement est prévu avec 1 milliard d’euros de subventions, notamment pour des projets de relocalisation dans les secteurs de la santé, l’électronique, l’agroalimentaire ou la 5G. L’investissement industriel est lui aussi pris à compte à hauteur de 600 millions d’euros au sein de ce plan. Des aides à la transition numérique sont également prévues, notamment pour les petits commerces.
35 milliards pour “la cohésion sociale et territoriale”
L’objectif principal de Jean Castex est de préserver l’emploi. Le gouvernement estime à 300.000 le nombre d’emplois sauvés grâce à la mise en place de l’activité partielle pendant le confinement et au-delà. Pour ce faire, plusieurs dispositifs à disposition des entreprises sont maintenus ou annoncés.
D’abord l’activité partielle de longue durée qui est maintenue et associée à des formations. En tout: 7,6 milliards d’euros accordés à ce “bouclier anti-chômage”. Pour en bénéficier, les entreprises devront maintenir 60% de l’activité de leurs salariés et ceux-ci pourront se former sur le temps restant. Les formations prévues à hauteur d′1 milliard d’euros seront axées sur les métiers d’avenir valorisés par “France relance”, en concertation avec les branches.
Embauche des jeunes
Les jeunes sont mis en avant comme priorité gouvernementale du plan pour l’emploi avec 6,7 milliards d’euros, soit un doublement par rapport au plan annoncé en août. Objectif: “trouver une solution” pour chacun des 750.000 qui arrivent sur le marché du travail, comme l’a promis le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Parmi les dispositifs annoncés, des baisses de charges à hauteur de 4000 euros pour les embauches des moins de 26 ans dès le premier CDD de trois mois, 200.000 places de formation qualifiante qui seront pour beaucoup gratuites et accessibles sur l’application mobile “mon compte de formation” du gouvernement. 100.000 places de services civiques seront également créées en plus.
Enfin, c’est le retour des contrats aidés réduits au début du quinquennat. Ils n’auront rien à voir avec ce qui a été fait par le passé, promet-on au gouvernement et seront au nombre de 300.000 dans les secteurs marchands et non marchands pour les jeunes les plus en difficulté.
3 milliards pour les petits commerces
Un paquet de 5,2 milliards d’euros est accordé aux collectivités locales pour soutenir leurs investissements. Sont notamment cités la construction de logements sociaux, l’appui aux petits commerces (3 milliards dans l’ensemble du plan) des centres-villes et des équipements en réseaux numériques.
Le soutien à l’équipement hospitalier, le tourisme et la rénovation des ponts sur le territoire sont également concernés par ce plan de relance. Concernant les plus démunis, 200 millions d’euros seront versés aux associations de lutte contre l’exclusion. La revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire, déjà versée, était également dans ce plan.
À voir également sur Le HuffPost: Les patrons ont-ils confiance en leurs employés en télétravail?
En savoir plus sur L'ABESTIT
Subscribe to get the latest posts sent to your email.