Face à Vladimir Poutine, l’Europe a pris la mesure de l’ampleur de la menace et de sa propre force. Enfin pleinement unie, elle a sans délai marqué sa solidarité avec le peuple ukrainien par un appui diplomatique, militaire et humanitaire et sa détermination par des sanctions massives en direction de Poutine.
L’Europe doit maintenant aller au bout de ce qu’elle vient d’engager pour sa sécurité et pour la paix. Tout comme après la Seconde Guerre mondiale, avec la création de la Communauté européenne, tout comme après la chute du mur de Berlin, avec la création de l’Union européenne et de sa monnaie commune – et cela à chaque fois sous impulsion franco-allemande – , le moment est venu de prendre toute la mesure du moment historique que nous vivons et de franchir une nouvelle étape dans la construction européenne.
Je propose qu’au lendemain de l’élection présidentielle, le peuple français soit consulté par référendum sur un projet d’Union des Européens négocié avec nos partenaires et qui comportera trois niveaux solidaires.
Aller au bout de l’Union européenne
Les États membres de l’Union européenne doivent aller au bout de leur unité et de leur volonté d’indépendance avec la mise en place, par des initiatives communes immédiates et un nouveau traité, d’une Europe de la défense; d’une Europe de l’environnement qui subordonne l’ensemble des politiques à la préservation du climat et de la biodiversité; d’un plan de sécurité climatique et énergétique et de souveraineté industrielle; d’une PAC centrée sur la souveraineté alimentaire; d’une organisation digne et efficace de la migration.
Un budget d’investissement de 1000 milliards d’euros sera mis en place au service de ces politiques, financé par le recours à l’endettement et remboursé par des ressources propres de l’Union.
Une convergence politique et économique accrue sera obtenue par l’extension du vote à la majorité qualifiée, la suppression des critères d’austérité, la mise en place de mécanismes de convergence économique et budgétaire et la fin de la concurrence sur les salaires et la fiscalité.
Cette unité plus poussée devra s’accompagner d’un saut démocratique fondamental grâce à plusieurs réformes institutionnelles: une circonscription électorale unique pour l’élection d’un(e) Président(e) de l’UE, des listes paneuropéennes communes à toute l’Union pour l’élection d’un Parlement européen doté de l’intégralité des compétences budgétaires et législatives, et un Sénat pour la représentation des États membres.
Proclamer l’Union franco-allemande
En juin 1940, face à l’invasion nazie, Churchill proposait à la France une Union franco-britannique, refusée par le gouvernement français. Face à l’expansionnisme russe, le moment est venu de proclamer l’Union franco-allemande dans une Union européenne plus poussée.
L’Union franco-allemande est l’avant-garde d’une unité européenne toujours plus approfondie et la première étape d’un État européen. Elle sera ouverte à celles et ceux qui le voudront.
La sécurité de la France ne saurait s’entendre sans celle de l’Allemagne et inversement. Nous ne gagnerons que pleinement unis la bataille du climat et de l’indépendance industrielle, alimentaire, énergétique.
Ces deux pays doivent unir leurs destinées dans une Union écologique, industrielle, sociale et de défense. Des institutions communes (un duo exécutif associant le Président de la République et le Chancelier, un Parlement et une Convention citoyenne), un budget commun et des législations communes mettront en œuvre:
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une Union de la défense à travers une capacité militaire et une industrie de défense commune
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une Union pour le climat (infrastructures, énergie, alimentation)
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une Union pour la souveraineté économique (relocalisations industrielles, numérique, fiscalité commune)
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une Union sociale (accompagnement des transitions, salaire minimum, égalité salariale femmes/hommes, généralisation de la cogestion dans les entreprises, santé, jeunesse)
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une Union pour l’hospitalité (politique d’asile et migratoire commune)
Créer une Fédération européenne
Une Fédération européenne doit être mise en place avec les pays européens qui n’ont pas rejoint l’Union et que l’expansionnisme de Vladimir Poutine a agressés, agresse ou menace plus ou moins directement: l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie, la Serbie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie et la Macédoine du Nord.
Cette Fédération comprendra des politiques de solidarité dans le domaine du développement économique, de l’appui à l’État de droit et de la coopération militaire. Trois grandes mobilisations seront prioritaires: un plan de sécurité climatique et énergétique; un plan de souveraineté alimentaire partagée; et un plan d’indépendance numérique.
Telle est l’Europe que nous devons faire naître maintenant, dans un mouvement d’unification pour la paix, la liberté et le climat. Elle pourra, lorsque l’Ukraine aura retrouvé sa pleine intégrité, renouer avec la Russie le dialogue interrompu par l’agression commise par Vladimir Poutine.
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