Pendant deux heures et demie, Yannick Jadot, Sandrine Rousseau, Delphine Batho, Éric Piolle et Jean-Marc Governatori ont avancé leurs propositions en matière de transport, d’énergie, ou d’agriculture avec des différences souvent ténues.
Sur le nucléaire par exemple, Yannick Jadot s’est déclaré en faveur d’une sortie “sur 15 à 20 ans” quand le maire de Grenoble Éric Piolle évoquait l’horizon “2045”. De simples questions de nuance? Pas tout à fait. Certains sujets, majeurs, comme le concept de “décroissance”, porté par certains, décrié par d’autres, a donné lieu à des échanges plus animés et des divergences plus affirmées.
Du fond et des escarmouches
“La décroissance, ce n’est pas le sujet”, a ainsi lancé Sandrine Rousseau, en réponse directe à Delphine Batho, l’ancienne ministre de François Hollande, laquelle fait de la question la pierre angulaire de ses propositions.
“La décroissance, sans un projet social, sans un projet de réforme de la fiscalité et de réduction massive des inégalités, la décroissance sans un contrôle des marchés financiers, sans un protectionnisme aux frontières, ça n’existe pas en fait”, a ainsi estimé l’ancienne porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts, un brin agacée, ajoutant: “le sujet c’est le partage des richesses et la sortie d’un système d’accumulations matérielles dans lequel nous nous sommes complètement enfermés.”
Mais la candidate, qui continue d’investir et d’assumer le terrain de la “radicalité”, n’a pas été la seule à émettre des réserves quand Delphine Batho, pour qui “la logique actuelle d’obsession pour le PIB, l’idée qu’il faut augmenter la part du gâteau se traduit par une catastrophe écologique”, n’hésitait pas à relancer ses concurrents pour connaître leur positionnement exact.
“Est-ce que tu peux préciser sur la décroissance?”, a-t-elle lancé à Yannick Jadot, lequel a répliqué, dans un sourire crispé: “Je sais bien que tu es très -très- fixée là-dessus.”
“Quand le terme décroissance est arrivé dans le débat public, l’idée était d’avoir un mot-obus pour qu’on s’interroge tous sur le sens de la croissance”, a finalement répondu l’eurodéputé regrettant de voir le concept devenir aujourd’hui un “objet politique” qui n’a pas beaucoup de sens.” “Je ne suis pas fan”, abondait, d’ailleurs Éric Piolle, au cours des débats, préférant mettre en avant les larges points de convergence qui réunissent les écolos.
“Ce sera pas la même chose si vous faites ça avec LREM”, a-t-il ironisé face à Ruth Elkrief, quelque peu surprise de cette ambiance apaisée, sur la forme, et souvent consensuelle sur le fond.
Les échanges sont effectivement restés sereins, malgré ces quelques divergences et les répliques parfois acides de Jean-Marc Governatori et Sandrine Rousseau. “Il y en a marre de cette écologie de gauche”, a ainsi balancé l’élu niçois dans les dernières minutes du débat. Réponse de l’économiste: “il ne gagnera pas la primaire, c’est bien pour tout le monde.” La courtoisie a ses limites.
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