Au départ, Dimitri ne s’était jamais posé la question: pour lui, la femme prenait automatiquement le nom de son mari. “Il y avait une part d’ignorance et cette tradition est tellement ancrée que je n’avais pas cherché spécialement à la comprendre”, admet Dimitri.
Le début de leur réflexion est venu “un peu par hasard”, en évoquant le futur mariage avec le père de Dimitri. “On parlait des noms de famille et pour rigoler, je lui ai dit que Dimitri prendrait mon nom et pas l’inverse, raconte-t-elle. Et ça nous faisait rire, parce que le papa de Dimitri n’est pas très ancré dans les traditions.”
C’est à la suite de cette blague que le couple commence à faire des recherches et à s’interroger sur cette coutume. “On s’est rendu compte qu’il n’y a encore pas si longtemps, la femme tant qu’elle n’était pas mariée n’avait pas de droits et que pour accéder à certains droits, elle devait posséder le nom de son mari”, souligne-t-elle. Des considérations plus vraiment d’actualité. “On est en 2022, la femme n’a plus ce besoin de s’associer au nom de son mari pour pouvoir jouir de la société”, ajoute Dimitri.
La possibilité de garder chacun leur nom ne leur convenait pas. “On aime quand même cette idée que dans le mariage il devrait y avoir une sorte de ‘sacrifice’, un dévouement à cet amour et le fait que l’un de nous substitue son nom pour celui de l’autre”, explique Dimitri. L’un ou l’autre, sans préférence.
L’option du double nom a également été écartée. “Je trouvais cela imposant comme nom de famille et puis si on a des enfants, je ne voulais pas que, si un jour ils se marient, cela devienne un casse-tête pas possible”, ajoute Céline.
Leur nom de famille au tirage au sort
Leurs proches ont eu plusieurs types de réactions. “Mon beau-frère était aux anges, heureux, il voulait répandre la nouvelle au niveau national, s’amuse Dimitri. Beaucoup de femmes autour de nous étaient ravies.” Mais d’autres ont été plus hostiles. “Je pense que cela a fait peur à certains, interprète-t-il. Pour eux, la pilule a eu du mal à passer et elle n’est toujours pas passée.”
L’un des arguments avancés par ceux qui s’y opposent, souvent plus âgés, est celui de la transmission. “Dans l’optique où nous aurions des enfants, le fait que le nom de Dimitri ne perdurerait pas à la génération suivante les dérangeait”, développe Céline.
Un certain “anticonformisme”
À la question de savoir si cet acte, qu’ils ne revendiquent pas, est “féministe”, Céline admet: “Pour moi, oui, mais plus dans l’idée que ce n’est pas le genre qui doit déterminer qui prend le nom de l’autre.” Dimitri, s’il ne sait pas vraiment ce que signifie le féminisme pour lui, se dit tout de même “anticonformiste”.
“Mais c’est un choix très personnel et qui n’avait pas du tout pour but de blesser qui que ce soit, insiste-t-il. On sait qu’on est dans une société où les traditions sont très ancrées, depuis des millénaires, et ce n’est pas évident de changer le monde du jour au lendemain.”
Pour autant, Céline et Dimitri espèrent que les générations futures n’auront pas besoin de tirer au sort et pourront “assumer leur choix librement”, quel qu’il soit. “Si ça peut permettre aux gens de savoir que c’est possible, on sera contents”, concluent-ils. Aujourd’hui, il est musicien, elle est illustratrice. Le couple avait prévu un mariage “très intime et familial, simple et champêtre, dans la belle campagne vendéenne”.