COP26 – Mettre cartes sur table. Alors que la COP26 démarre le 1er novembre à Glasgow (Écosse), tous les États signataires de l’Accord de Paris s’apprêtent à prendre de nouveaux engagements pour limiter leurs rejets en CO2. L’objectif reste le même que six ans plus tôt: maintenir le réchauffement de la planète sous la barre des +2 degrés par rapport aux niveaux préindustriels.
Comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo en tête de cet article, la tâche a quelque chose d’un jeu d’argent, dans lequel aucun acteur ne veut trop se livrer à moins d’être certain d’emporter la mise. Ce faisant, ils ne font que respecter les règles de la COP.
Dans ce rendez-vous au chevet de la planète, chacun est invité, de façon non contraignante, à se donner ses propres objectifs, secteur par secteur, de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Une solution choisie depuis la COP21, qui permet d’éviter les veto qui bloquent toute avancée.
Des promesses “très diversifiées et pas très ambitieuses”
“L’idée d’objectifs nationaux est apparue pour inverser le fonctionnement des négociations internationales, vers une approche ascendante. On part des priorités de développement, technologiques, sociales des pays, qui définissent eux-mêmes leurs contributions”, explique ainsi au HuffPost Sandrine Mathy, directrice de recherche au CNRS. Mais il y a un revers à la médaille de cette décision, et c’est là que commence la partie de poker.
Si chaque pays va plutôt faire des propositions concrètes, le mécanisme ne favorise pas l’audace. C’est ainsi qu’à l’issue de la COP21 de 2015, les promesses étaient à la fois “très diversifiées et pas très ambitieuses” décrypte Sandrine Mathy. Chaque pays va tenter de donner un peu tout en conservant ses atouts: un pays grand producteur de charbon (comme la Chine) ne va pas proposer de réduire son exploitation, afin de ne pas ébranler son marché du travail.
Les enchères planétaires sont encore plus élevées
Chacun tente donc, à la table des négociations, de se préserver, tout en guettant les avancées éventuelles de ses voisins, avant de décider ou non de les suivre. Résultat, des promesses, mais surtout des réalisations, bien trop timorées face à l’enjeu. C’était déjà une évidence à la conclusion de l’Accord de Paris, et c’est pourquoi l’on a convenu d’un nouveau rendez-vous cinq ans plus tard. Mais alors que s’ouvre avec un an de retard de COP26, les enchères planétaires sont encore plus élevées.
Les rapports du GIEC l’ont en effet démontré, la situation est encore plus pressante que l’on ne le pensait en 2015, et les efforts demandés pour maintenir l’élévation de la température sous les 2° Celsius sont encore plus importants que lors du précédent rendez-vous. Aujourd’hui, même si les promesses faites lors de l’Accord de Paris étaient toutes tenues, le réchauffement atteindrait le 2,7°, d’après les calculs les plus récents. Il va donc falloir que les joueurs de poker sachent abattre leurs cartes pour donner un peu d’air à la planète.
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