“La confiance ne se décrète pas, elle se construit patiemment texte par texte”, a-t-il justifié. De fait, ce vote de confiance relève davantage de la tradition républicaine et d’un appui en légitimité que d’une obligation constitutionnelle ou légale.
Mais pourquoi l’écarter? D’abord parce que depuis le 19 juin et le soir du second tour des élections législatives, la cheffe du gouvernement ne dispose, avec 250 députés, que d’une majorité relative dans l’hémicycle -et non d’une majorité absolue qui nécessite 289 voix. Ensuite, parce que les autres forces politiques représentées au palais Bourbon ont refusé toute forme de coalition ou tout accord de gouvernement.
Un délai avant l’arrivée des suppléants
L’ancienne ministre du Travail s’expose donc à une alliance de circonstance venant des différents bancs de l’opposition pour censurer sa politique. Et en cas d’échec, le gouvernement serait obligé de démissionner dans la foulée du vote, quelques jours seulement après le remaniement.
Enfin, le gouvernement annoncé ce lundi éloigne un peu plus Élisabeth Borne d’une majorité dans l’hémicycle. Le remaniement a élargi le gouvernement à davantage de composantes de la majorité. Le Modem passe de 1 à 4 représentants, Horizons et le mouvement Agir de 1 à 2, mais ces nouveaux membres de l’équipe gouvernementale sont autant de voix “perdues”, à court terme, à l’Assemblée nationale.
Au total, en comptant Élisabeth Borne, 21 ministres ou secrétaires d’État ont été élus lors des législatives de juin dernier. Ils sont concernés par le délai incompressible d’un mois pour qu’un suppléant les remplace dans l’hémicycle. Il faudra donc attendre le 22 juillet ou le 4 août pour qu’ils siègent tous et puissent participer aux votes.
Résultat des comptes: la Première ministre voit ses soutiens se réduire un peu plus en cas de vote de confiance mercredi à l’Assemblée. Selon les projections, et si chaque député de l’opposition votait “non”, elle ne pourrait compter avec certitude que sur 229 voix, contre 327 en face.
L’opposition divisée sur le vote d’une motion de censure
La France insoumise (LFI) a de nouveau critiqué ce lundi un “déni de démocratie”, confirmant qu’une motion de censure serait déposée dans la foulée du discours de politique générale de la Première ministre. “Alors que le gouvernement vient à peine d’être nommé, la majorité présidentielle reconnaît qu’elle est en réalité minoritaire”, a écrit sur Twitter le député communiste du Nord et ancien candidat à la présidentielle, Fabien Roussel.
Pour Ie porte-parole du Parti communiste, Ian Brossat, cette décision est “un aveu terrible, une manière de reconnaître qu’ils n’ont pas de majorité à l’Assemblée nationale”, qualifiant le groupe Ensemble de “minorité présidentielle”. “Elle serait inévitablement battue”, expliquait-il au sujet d’un éventuel vote de confiance.
Sur le plateau de BFMTV, le député RN de l’Oise Philippe Ballard a toutefois pris ses distances avec les appels de LFI à censurer le gouvernement. “Si c’est pour bêtement faire la procédure, ça n’a pas beaucoup d’intérêt”, a-t-il déclaré. Or, pour voter une motion de censure, une majorité des 577 députés est nécessaire, soit au moins 289 votes. Une bataille qui, pour une très hypothétique union de l’ensemble des oppositions, s’annonce également difficile à gagner.
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