HITOIRE – La rafle du Vel d’Hiv il y a 80 ans, qui sera commémorée dimanche 17 juillet par le président Emmanuel Macron sur le site de l’ancienne gare de Pithiviers, est devenue le symbole de la déportation des Juifs sous l’Occupation en France.
Entassées dans des autobus, 8160 personnes, y compris les vieillards et les malades, sont conduites au stade du Vélodrome d’Hiver, sur le quai de Grenelle (XVe arrondissement de Paris).
Quelques dizaines de survivants sur 13.000 personnes
Le 22 juillet, elles sont évacuées vers les camps de Drancy (Seine-Saint-Denis, banlieue nord), de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (Loiret, à une centaine de km au sud de Paris) puis envoyées en camps d’extermination. Quelques dizaines d’adultes seulement survivront.
L’armistice signé en 1940 obligeait la police française à exécuter les ordonnances de la puissance occupante. La police du gouvernement de Vichy devient ainsi un bras armé des Allemands. Lors de la rafle, le nombre des personnes arrêtées a été bien inférieur aux attentes des Allemands. Des fuites dans la police ont permis à beaucoup d’y échapper.
Cette rafle représente toutefois à elle seule plus du quart des 42.000 Juifs déportés de France à Auschwitz en 1942, dont seuls 811 reviendront chez eux après la fin de la guerre.
Refus de reconnaître la responsabilité de l’État français
De Gaulle, à la Libération puis lors de son retour au pouvoir de 1958 à 1969, et ses successeurs à l’Élysée, jusqu’au socialiste François Mitterrand, se refusent à reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des juifs. Pour eux, il n’y eut, durant l’Occupation allemande, qu’une seule France légitime, celle de la France libre représentée par de Gaulle, en exil à Londres.
Mais les travaux des historiens, la parole libérée des survivants et les procès d’Adolf Eichmann en Israël, de Klaus Barbie, Paul Touvier et Maurice Papon en France, contribuent à faire progressivement évoluer l’attitude des autorités françaises.
Le président François Mitterrand instaure en 1993 une “journée nationale commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite ‘gouvernement de l’État français’ (1940-1944)”. Cette commémoration est fixée à la date anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv.
“La vérité, c’est que ce crime fut commis en France, par la France”
Enfin, pour la première fois au plus haut sommet de l’État, un président, Jacques Chirac, reconnaît la responsabilité de la France dans les déportations de Juifs. “Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français”, dit-il le 16 juillet 1995.
En juillet 2012, le président François Hollande va plus loin: “la vérité, c’est que ce crime fut commis en France, par la France”. Il soulève les critiques de responsables de droite (Henri Guaino) et de gauche (Jean-Pierre Chevènement) tandis qu’au Front national, on appelle à “cesser de culpabiliser les Français”.
En juillet 2017, Emmanuel Macron, nouvellement élu président, réaffirme, pour le 75e anniversaire de la rafle, la responsabilité de la France et prononce un plaidoyer contre l’antisémitisme et le racisme, en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Après avoir affirmé, en avril 2017, que la France n’était “pas responsable du Vel d’Hiv”, la patronne du Rassemblement national (ex-Front national) Marine Le Pen change radicalement de discours en juillet 2020, saluant la “mémoire” des victimes de la rafle du Vel d’Hiv et dénonçant “les nouveaux prêcheurs de haine” qui “s’en prennent à nos compatriotes juifs”.
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