On le sait déjà, la température a augmenté durant tout le XXe siècle. Mais les vagues de chaleur aussi: le Centre national américain pour les prévisions environnementales (NCEP) a ainsi calculé qu’entre 1961 et 1990, la fréquence de ces événements extrêmes avait augmenté de 31%. Ce n’était que le début, comme le rapporte Meteo France. “Alors que la France connaissait en moyenne 1,7 jour de vagues de chaleur par an avant 1989, elle en a subi 7,95 jours par an depuis 2000 et à 9,4 sur la dernière décennie”, notait l’institut français dans une note publiée en février.
2003, de l’exceptionnel à l’habituel
Si chaque année apporte son lot de grosses chaleurs, l’été 2003 a marqué les esprits et les climatologues. Pour son terrible bilan humain, bien sûr, avec environ 20.000 morts sous l’effet de la canicule en France, et plus de 70.000 dans toute l’Europe. Mais aussi pour ses températures records insoutenables: la saison fut la plus chaude de mémoire humaine depuis…1540 au moins. Et pourtant, elle pourrait devenir, avec ses températures supérieures à 35 degrés pendant plus d’une semaine, une habitude à prendre pour nos thermomètres.
En 2019 déjà, les scientifiques français précisaient le danger, en élaborant différents scénarios pour le climat. Le plus pessimiste, celui où nos émissions de CO2 sont hors de contrôle, fait ressembler “un été typique de 2050 à un été de 2003”, expliquait ainsi à l’époque au HuffPost Olivier Boucher, chercheur au CNRS.
Et dans l’autre cas? Celui, bien plus optimiste, où s’établit “une coopération internationale sans précédent donnant priorité au développement durable” comme le définit le CNRS? Malheureusement, il ne faudra pas non plus s’attendre à pouvoir profiter d’une douce brise. En 2040, au pic du réchauffement, les canicules seront aussi fréquentes, tout en augmentant en moyenne de deux degrés…dans le plus rose des futurs climatiques. Mais il y a pire.
La France presque en première ligne
EN 2006 aux États-Unis, le Centre national pour la recherche atmosphérique (NCAR) produisait ainsi un modèle climatique. Une simulation complexe de l’évolution du climat en utilisant les données existantes, pour en estimer l’évolution durant le siècle à venir. En se concentrant sur l’hémisphère Nord, l’étude conclut “la sévérité des vagues de chaleur à venir va augmenter plus dans l’Ouest et le sud des États-Unis, et la région méditerranéenne”…dont la France est limitrophe.
Les chercheurs se sont ainsi aperçus que le réchauffement climatique augmente la distribution de températures autour du globe, avec des régions s’éloignant de plus en plus de la moyenne, et débouchant alors sur des phénomènes de vagues de chaleur. C’est le cas des pays du sud de l’Europe, la Grèce et les Balkans en particulier, mais la France fait elle aussi partie des pays touchés par cet envol.
Concrètement, comme le prévoient de leur côté les climatologues français, cela signifie, pour la ville de Paris un allongement de chaque vague de chaleur, passant en moyenne de 8 à 12 jours aujourd’hui à 11 à 17 jours à la fin du siècle. Alors que la France vient de connaître le mois de juillet le plus chaud de son histoire, il faut s’attendre à ce que ce record soit très vite battu.
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