AUTOMOBILE – Le président Emmanuel Macron reçoit ce lundi 12 juillet à l’Elysée les représentants de la filière automobile qui appelle à l’aide pour financer sa transition écologique et notamment passer au moteur électrique, une accélération qui nécessitera selon le secteur plus de 17 milliards d’euros d’ici à 2025.
Un an après la mise en œuvre du plan de relance automobile en mai 2020, le chef de l’Etat réunira constructeurs, équipementiers, partenaires sociaux et représentants des filières pour “mobiliser la filière automobile face à l’accélération de la transition écologique” et “construire, au niveau national et européen, une vision stratégique commune à l’horizon 2030″, a annoncé l’Elysée samedi 10 juillet.
“Il s’agit d’une transformation nécessaire que le président est prêt à soutenir, dans le cadre d’un plan d’investissement dans l’automobile qui soit le plus renforcé possible au niveau européen”, ajoute l’Elysée, rappelant qu’un “plan de huit milliards” d’euros avait été annoncé en mai 2020 dans un contexte de sortie de crise du Covid-19.
Les “technologies clés de l’automobile du XXIe siècle”
Les discussions lundi devraient porter sur “un plan détaillé de transition, avec une ambition forte sur les activités d’avenir (batteries, hydrogène, électronique de puissance, logiciels embarqués, bornes de recharge, etc.) et un accompagnement renforcé de l’ensemble de la filière touché par cette transition”, selon cette même source.
La filière estime à 17 milliards d’euros les investissements à localiser en France dans les cinq ans, “sur les technologies clés de l’automobile du XXIe siècle”, souligne la Plateforme filière automobile (PFA) qui évalue le besoin de soutien public à 30%.
Le secteur, qui a travaillé avec le cabinet McKinsey, juge qu’il lui faudra 9 milliards pour capter et (re)localiser en France ces technologies: batteries électriques (pour 6,6 milliards), hydrogène (1,2 md), électronique de puissance (900 millions), connectivité. Il rappelle que la France ne compte que deux “gigafactories” pour les batteries quand il en faudrait cinq fois plus à l’horizon 2030.
La PFA estime que l’impact économique de ces investissements se traduirait par la création de plus de 35.000 emplois et 7,5 milliards d’euros de valeur ajoutée.
Quelque 8,5 milliards d’euros seraient en outre nécessaires pour accélérer le déploiement de bornes de recharge électrique, sur lequel l’Hexagone est aujourd’hui en retard: environ 33.000 installées à ce jour, quand 100.000 étaient prévues à la fin 2021, selon l’Association pour le développement de la mobilité électrique (Avere).
Bascule en 2035?
“Nous faisons très clairement face au risque d’un scénario du déclin qui fait sortir la France des grands pays de l’industrie automobile. Nous pouvons aussi en faire une opportunité de sursaut qui exige une nouvelle ambition industrielle”, dit à l’AFP Luc Chatel, le président de la PFA.
“L’industrie automobile de demain sera électrique? Mettons en place les dispositifs pour que ce changement irréversible soit soutenable”, ajoute-t-il.
Selon lui, “la France ne représente aujourd’hui que 9% de la valeur ajoutée de l’industrie automobile européenne. Nous devons nous donner les moyens de changer d’échelle sur les batteries, l’hydrogène… en réussissant à localiser massivement en France les investissements”.
La réunion de lundi devrait d’ailleurs permettre d’“affiner” la position de Paris quant aux propositions de l’UE sur la fin des moteurs à essence, estime une source au sein de la filière, qui s’attend à un positionnement de la France pour une fin en 2035.
La Commission européenne doit proposer le 14 juillet de nouvelles réglementations pour réduire à zéro les émissions de CO2 des véhicules neufs afin de lutter contre le changement climatique.
Selon plusieurs sources, elle envisage la suppression complète des émissions automobiles à partir de 2035. Les véhicules électriques à batteries étant les seuls à satisfaire cette exigence, ils deviendraient de facto être les seuls autorisés sur le marché du neuf.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a fait le calcul récemment: selon ses projections, les constructeurs doivent mettre un terme à la vente de voitures à combustion neuves d’ici à 2035, si le monde veut parvenir à la neutralité carbone au milieu du siècle et juguler le réchauffement climatique.