C’est une promesse d’Emmanuel Macron qui consacrait, dès l’automne 2018, un discours à l’écrivain, Prix Goncourt pour son roman Raboliot (1925) et secrétaire perpétuel de l’Académie française pendant plus de quinze ans.
“Maurice Genevoix fut le chantre de cette mémoire. (…) Par ses écrits, ses discours, ses interventions et ses articles, il ne cessa de redire ce que fut cette France généreuse et fière qui s’était engagée farouchement quand la liberté, le droit et la paix étaient attaqués”, saluait ainsi le chef de l’État depuis le village des Épages, un des hauts lieux de la Grande guerre, là où Maurice Genevoix fut grièvement blessé en 1914.
Emmanuel Macron veut tisser un fil
Un siècle plus tard, c’est donc au “porte-étendard inlassable” des soldats de la Première Guerre mondiale qu’Emmanuel Macron souhaite rendre hommage. Et avec faste malgré le confinement qui limite l’affluence. La panthéonisation de l’auteur sera célébrée à la fois en extérieur, avec une illumination de la façade en son honneur, mais aussi à l’intérieur de la crypte, où seront inaugurées six sculptures du plasticien allemand Anselm Kiefer, les premières nouvelles oeuvres installées au Panthéon depuis un siècle.
Cette cérémonie, et le discours qui l’accompagne, sera aussi l’occasion pour le président de la République de livrer un message politique. Comme il a l’habitude de le faire lors de ses hommages historiques ou mémoriaux (lundi encore pour le 50e anniversaire de la mort du Général de Gaulle), Emmanuel Macron devrait faire entrer les combats du passés en résonance avec ceux du présent.
Selon son entourage, il devrait mettre l’accent sur la “résilience”, la capacité des Français à surmonter les tragédies. Comme un fil rouge entre 1914 et les ”épreuves” actuelles.
“Le président de la République tient beaucoup à ce qu’on honore les héros à hauteur d’hommes, qui n’ont jamais flanché dans l’épreuve et ont fait bloc”, explique l’Élysée à l’AFP, avec un parallèle “entre ceux de 14 et ceux de 2020”: “la continuité c’est que les démocraties affrontaient les empires, en 2020, les démocraties affrontent la pandémie, le séparatisme, le terrorisme. Mais au fond, on se bat pour les mêmes valeurs.”
Une panthéonisation longtemps évoquée
Une façon de “créer une histoire, un imaginaire commun”, toujours selon les mots du palais présidentiel. Mais si Emmanuel Macron est coutumier du fait, il n’est pas le premier président de la République à envisager une cérémonie en la mémoire de l’écrivain décédé en 1980.
Il faut dire que la famille de l’auteur a longtemps poussé pour sa panthéonisation. L’économiste Bernard Marris, tué dans l’attentat de Charlie Hebdo, époux de la fille de Maurice Genevoix, “s’était passionné pour l’œuvre et la vie de l’écrivain et avait fait de son entrée au Panthéon l’un de ses objectifs absolus”, selon les mots du journaliste Thomas Legrand.
À tel point que plusieurs chefs de l’État ont failli franchir le pas. Selon Le Parisien, un rapport prônant la panthéonisation de l’auteur de Ceux de 14 a été rendu dès 2011 à Nicolas Sarkozy. Son successeur François Hollande aurait lui aussi hésité, avant de trancher pour la mise en avant des personnages de la Seconde Guerre mondiale pour limiter l’embouteillage des hommages et commémorations.
C’est donc finalement Emmanuel Macron qui va faire entrer Maurice Genevoix, dans la nécropole des “grands hommes”, et avec lui les poilus de la Première Guerre mondiale. Une affaire politique mais également sentimentale puisque le président de la République aurait découvert l’auteur enfant, “grâce à sa grand-mère”, avant d’en faire l’un de ses écrivains favoris, selon son entourage. La petite histoire dans la grande.
À voir également sur Le HuffPost: Macron et Castex n’ont pas la même approche sur les causes du “séparatisme”