La culture populaire a toujours eu du mal à dépeindre la MDMA de manière réaliste. À l'école, on nous faisait croire qu'une seule pilule pouvait nous faire boire tellement d'eau que nos propres organes allaient se noyer, tandis que les films et la télévision la présentaient comme un hallucinogène dangereux et susceptible de faire perdre la tête.
En réalité, la MDMA fait simplement danser pendant des heures, raconter des tas de trucs embarrassants (« non vraiment, écoute, je t'aime énormément ») et donne souvent un peu la nausée. En fait, de manière anecdotique, beaucoup de gens vomissent à chaque fois qu'ils ont une montée de MDMA. D'autres vomissent s'ils en prennent trop, ou si elle est particulièrement forte, ou encore s'ils la combinent avec du cannabis.
Mais pourquoi exactement ? Pourquoi la MDMA pousse-t-elle certaines personnes à recracher leur petit-déjeuner dans le pot de fleurs de quelqu'un ?
Nick Hickmott, responsable du programme d'intervention précoce de l'organisation caritative We Are With You, spécialisée dans l'aide aux toxicomanes, estime que la capacité de la MDMA à provoquer des vomissements chez certaines personnes est probablement due à de multiples facteurs.
« À un niveau élémentaire, nous introduisons un adultérant dans notre corps, ce qui modifie la façon dont nous nous sentons, dit-il. C'est comme lorsque vous prenez du paracétamol à jeun, ou n'importe quel type de médicament. Cela peut être dû en partie aux substances contenues dans le médicament et à la manière dont elles interagissent avec notre paroi intestinale quand elles passent lentement dans notre système sanguin. »
L'anxiété peut aussi être un facteur pour certaines personnes, selon Hickmott. « En particulier pour les jeunes, la prise de drogue peut être anxiogène, dit-il. Même si vous êtes un consommateur expérimenté de MDMA, vous pouvez ressentir une sensation de nervosité qui se répercute sur l'estomac. Tout le monde est différent et certaines personnes peuvent avoir besoin d'être un peu rassurées. »
Mais pourquoi la MDMA fait-elle vomir, contrairement à d'autres drogues comme la cocaïne ou le speed, par exemple ? Bien qu'il n'y ait pas d'études récentes liées à ce phénomène (ce n'est certainement pas une question urgente), il convient de noter que la substance augmente la production de sérotonine dans notre cerveau. La sérotonine stimule également la partie du cerveau qui contrôle les nausées.
Des études ont montré que la production accrue de sérotonine explique les problèmes gastro-intestinaux et les nausées que de nombreuses personnes éprouvent lorsqu'elles prennent des antidépresseurs ISRS. Dans cette optique, il est logique que nous nous sentions un peu nauséeux avec une telle quantité de sérotonine dans notre cerveau.
« C'est assez simple en fait, explique le professeur David Nutt, neuropsychopharmacologue et président de Drug Science. La MDMA libère de la sérotonine et il y a beaucoup de sérotonine dans les cellules de l'intestin. Le neurotransmetteur agit comme un agent protecteur et vous fait vomir. C'est la même chose avec les antidépresseurs ISRS et tout agent sérotoninergique. »
« Mon ancien superviseur avait l'habitude de dire que la sérotonine est comme l'huile moteur dans une voiture, poursuit-il. Elle fait en sorte que tout se passe bien. La sérotonine permet donc aux intestins et au cerveau de fonctionner correctement et de maintenir l'ordre. Mais elle a aussi une fonction spéciale : vous faire vomir si vous êtes empoisonné. Ainsi, si vous prenez beaucoup de MDMA et que vous libérez beaucoup de sérotonine, c'est la même chose que si vous aviez reçu du cisplatine [un médicament de chimiothérapie]. »
Il est intéressant de noter que certains médicaments, comme l'ondansétron qui est utilisé par les patients en chimiothérapie, bloquent les récepteurs 5-HT3 de la sérotonine, ce qui permet au patient d'avoir moins de nausées. Cependant, Nutt dit qu'il n'a jamais entendu parler de quelqu'un qui aurait expérimenté un bloqueur de 5-HT3 pour prévenir les nausées générées par la consommation de MDMA. « Il serait très difficile de le faire en raison de son statut illégal », dit-il. De plus, pour les chercheurs, « ce n'est pas vraiment une question scientifique convaincante ».
En ce qui concerne les conseils réalistes pour prévenir les vomissements sous MDMA, il n'y en a pas vraiment, à part prendre moins de MDMA ou ne pas en prendre du tout. Selon Hickmott, s'assurer de bien manger avant la prise peut aider, mais ce n'est pas une méthode infaillible.
« Vous devriez peut-être penser à bien manger avant de prendre de l'ecstasy parce que vous allez danser et que vous avez besoin d'un peu de carburant, dit-il, mais cela peut aussi provoquer des troubles de l'estomac, selon ce que vous avez mangé. »
Pourtant, les vomissements « ne sont pas nécessairement un signal d'alarme », ajoute Hickmott. « Si un ami me disait qu'il a vomi une ou deux fois pendant la montée, je le surveillerais pour vérifier qu'il va bien. Mais je rechercherais vraiment des signes tels qu'une surchauffe, un rythme cardiaque rapide ou des convulsions avant de demander de l'aide. »
Mais un peu de vomi, ce n'est pas la fin du monde. Assurez-vous juste de ne pas le faire au milieu de la piste de danse. Ou n'importe quel endroit autre que des toilettes.
VICE France est sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.