“On ne va pas exposer les Français les plus modestes à des hausses inconsidérées du prix de l’énergie”, a d’abord expliqué Élisabeth Borne, devant la presse réunie pour les Rencontres économiques organisées à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), pour justifier la mise en place de cette mesure à la fin de l’année 2021. “S’il n’y avait pas de bouclier” sur le prix du gaz ni de plafonnement sur les prix de l’électricité, “l’électricité serait un tiers plus chère, et le gaz 45 à 50%” plus cher, a-t-elle fait valoir une nouvelle fois.
“Il faut aider ceux qui en ont réellement besoin”
“On n’imagine pas demander aux Français, à commencer par les Français modestes, de payer leur gaz 45% plus cher ou leur électricité un tiers plus chère”. Pour autant, vu le coût du bouclier tarifaire pour l’État, “il faut passer de mécanismes généraux à des mécanismes plus ciblés”, a-t-elle jugé, expliquant que “le travail est en cours”.
Pour rappel, face à la flambée des prix de l’énergie, le gouvernement a obligé les fournisseurs à limiter la hausse de leurs tarifs à 4% pour 2022, l’État et EDF devant seuls assumer le coût de cette mesure. Une mesure contestée par les syndicats, associations de consommateurs et membres de l’opposition qui y voyaient un “tour de passe-passe”, promettant un rattrapage sur les prix à partir de 2023.
Ce changement de paradigme pour janvier 2023 a été précisé dans la foulée par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, également présent lors de ces Rencontres économiques. “Maintenant nous sommes au cœur du pic d’inflation qui va durer encore plusieurs mois, donc il est nécessaire de passer à un soutien plus ciblé” sur les personnes aux revenus modestes qui souffrent le plus de l’inflation.
“Il faut aider ceux qui en ont réellement besoin”, a-t-il souligné, ajoutant que “notre politique continuera à être une politique de l’offre”. “Nous n’allons pas substituer à une politique de l’offre qui a donné de bons résultats une politique de la demande qui alimenterait l’inflation”, a encore dit Bruno Le Maire, qui a “confirmé avec beaucoup de gravité que nous avons atteint la cote d’alerte sur les finances publiques”.
Jeudi, le gouvernement a déjà annoncé qu’une aide ciblée sur les personnes qui prennent leur voiture pour aller travailler prendrait le relais en octobre de la remise générale de 18 centimes sur le prix du litre de carburant, qui va diminuer progressivement puis s’éteindre définitivement en décembre.
Une taxe sur les “surprofits” de certaines entreprises?
Interrogée sur l’opportunité de mettre en place une taxe sur d’éventuels “surprofits” que réaliseraient les énergéticiens à la faveur de la forte hausse des prix de l’énergie, Élisabeth Borne s’est montrée plus évasive. “Sur le principe évidemment, s’il y a des gens qui tirent des surprofits de la crise, on souhaiterait que ça puisse bénéficier à tout le monde et alléger les charges que la crise peut générer”, a-t-elle affirmé.
“Après, ce n’est pas complètement simple”, a-t-elle immédiatement nuancé. “Beaucoup de nos voisins ont mis en place des mécanismes pour taxer ces surprofits”, mais “on n’est pas dans la même situation” en France, a-t-elle ajouté.
D’une part, “EDF a des difficultés de production aujourd’hui sur son parc nucléaire et on importe massivement” de l’électricité depuis l’étranger, a souligné la Première ministre, écartant de ce fait l’existence de “surprofits” pour l’énergéticien. D’autre part, “on a des compagnies pétrolières qui ont des activités de distribution en France (mais) qui ne dégagent pas de super-profits”, a-t-elle noté.
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