FOOTBALL – “Au bout d’un moment, c’est gênant qu’on parle de toi à cause du Covid. C’est derrière toi et tu veux juste jouer au foot…” Junior Sambia, latéral polyvalent du Montpellier Hérault en Ligue 1, en a assez d’être associé à la pandémie, mais le footballeur sera sans doute suivi pendant de longues années par ce sombre épisode de sa carrière.
Et pour cause, il a été l’un des premiers cas graves de coronavirus à être médiatisé. Au printemps 2020, l’athlète d’alors 24 ans s’est même retrouvé en réanimation, intubé et plongé dans un coma artificiel après avoir été infecté, comme il l’évoque dans l’extrait en tête d’article. Un moment particulièrement douloureux pour tout son club.
Cet épisode, Canal+ revient en longueur dessus dans le cadre d’une série documentaire réalisée par Thibault Saingeorgie, “Montpellier Héros”, dont le premier épisode est diffusé ce samedi 25 septembre (à 19h45) avant la rencontre opposant les Montpelliérains au Paris Saint-Germain de Kylian Mbappé, Lionel Messi et Neymar. Une immersion d’un an dans le quotidien du club de première division, résumée en six épisodes de 45 minutes qui retracent la si particulière saison 2020-21. Celle de l’après-Covid.
Barbecues et rumeurs de transfert
Un attaquant revenu hors de forme des neuf semaines de confinement après avoir mangé des barbecues “midi et soir”, le franc-parler de deux présidents qui discutent finances en marge d’une rencontre, un intermédiaire qui révèle avoir fait paraître une rumeur infondée pour faciliter un transfert, un joueur qui rumine un raté face au but pendant des jours… Les épisodes éloquents de la vie d’un groupe de footeux se succèdent, sans artifice.
Mais c’est donc le parcours de Junior Sambia qui attire l’attention. À son retour à l’entraînement à l’été 2020 après le confinement, les caméras montrent un jeune homme souriant, que toute l’équipe et l’encadrement du club sont heureux, soulagés même, de retrouver au sortir de sa terrible épreuve. “Bien sûr qu’il a dû souffrir, il a dû avoir peur”, élude durant une conférence de presse son entraîneur Michel Der Zakarian.
C’est alors que les caméras de Canal+ emmènent le public dans les coulisses d’une clinique de Castelnau-le-Lez, tout près de Montpellier. Les médecins du club évoquent avec moins de pincettes “un épisode qui (les) a tous traumatisés”. On y découvre un footballeur encore marqué par son hospitalisation et le doute qui l’a envahi à cette période.
“Tu penses à la mort directement”
″À la base, quand je suis tombé malade, le doc pensait que c’était une gastro”, relate Junior Sambia. Je me retrouve à l’hôpital pour être surveillé et c’est là que tout se déclenche (…) Je me suis retrouvé directement dans le coma: on m’a intubé et je me suis endormi cinq jours.” Un médecin montpelliérain poursuit: “On est en pleine pandémie mondiale, avec un joueur en réanimation dont on ne sait pas s’il va s’en sortir… Le football devient secondaire. C’est un gars qu’on côtoie tous les jours, avec qui on rigole et qui va peut-être mourir.”
Rétabli, l’intéressé confirme avoir craint la même chose. “Au moment où tu vois ta respiration partir, ça fait peur. Tu paniques, tu perds le contrôle. Quand tu n’arrives plus à respirer, tu penses à la mort directement.” Mais heureusement, après cinq jours dans le coma, l’état du jeune homme finit par s’améliorer et les médecins le réveillent. Deux jours avant de sortir de l’hôpital, les soignants lui annoncent la source de ses maux: le Covid.
Une situation qui le contraint encore à l’heure de la préparation à passer des examens médicaux fréquents. Notamment une IRM dont on comprend rapidement qu’elle l’inquiète, lui n’apprécie pas du tout être enfermé dans cette machine. “Tu es au top, tout va bien Junior!”, lui lance alors la soignante qui s’occupe de lui. Un moindre mal pour un footballeur passé aussi près du pire. La preuve, alors que la préparation s’avère plus pénible que prévu pour lui qui n’a “ni le souffle, ni les jambes” après cette épreuve, Junior Sambia apparaît tout sourire. “Physiquement j’étais dépassé, et en même temps j’étais le plus heureux.”
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