Lorsque la désinformation devient une tactique intégrale dans la préparation d’une guerre, il est facile d’identifier les dommages et le chaos qu’elle peut causer, sans parler des pertes de vies humaines.
Ces derniers mois, nous avons constaté des stratégies similaires sur une multitude de sujets, du changement climatique au COVID, en passant par l’attaque du 6 janvier contre le Capitole des États-Unis ou encore les “Convois de la Liberté”.
Le “biais de l’information partagée”
La désinformation augmente parce que, malheureusement, elle fonctionne. La dure réalité est que nous sommes tous sensibles à cette nouvelle arme de choix.
Les médias sociaux et les plateformes d’information et de divertissement en ligne sont presque inévitables dans notre quotidien et valorise les contenus les plus sensationnels. Les acteurs malveillants sont de plus en plus créatifs dans leur façon de présenter et de promouvoir la désinformation. Ainsi, nous devenons la proie d’un biais cognitif connu sous le nom “d’heuristique de disponibilité” qui consiste à se fier aux informations qui nous viennent immédiatement à l’esprit lorsque nous évaluons un sujet, un concept ou une décision spécifique.
Pire encore, nous pouvons faciliter la propagation de ces stratégies de désinformation en partageant des “fake news” avec nos amis et notre famille amplifiant ce qu’on appelle le “biais de l’information partagée”. Il se produit lorsque nous consacrons plus de temps et d’énergie aux informations que les membres de nos groupes connaissent bien, et que nous faisons moins d’efforts pour évaluer les nouvelles informations.
On constate enfin que les citoyens se polarisent, ce qui affecte leur manière de recherche et d’interpréter les informations, amplifiant le “biais de confirmation”. Il s’agit de la tendance instinctive de l’esprit humain à rechercher en priorité les informations qui confirment sa manière de penser, et à négliger tout ce qui pourrait la remettre en cause.
La réalité est que nous sommes de moins en moins incités dans notre quotidien à échanger avec des personnes qui ont des points de vue opposés. Les algorithmes des plateformes nous poussent des contenus similaires à ceux que nous avons consultés précédemment. Dans ce contexte, nous avons tendance à croire les informations qui confirment nos croyances actuelles et nous sommes moins ouverts à la question de savoir pourquoi nous croyons quelque chose, d’où vient cette croyance et qui l’a influencée.
Il faut accélérer l’éducation à la pensée critique
La situation n’est toutefois pas désespérée. Il existe une bibliothèque en pleine expansion d’outils et de ressources axés sur le renforcement de l’esprit critique, qui peuvent nous aider à lutter contre la propagation de la désinformation. En effet, la réflexion joue un rôle important dans la lutte contre la désinformation. Elle passe notamment par une meilleure compréhension de la motivation — tant de nos propres motivations que de celles de ceux qui nous présentent des informations.
L’une des solutions pour faire face à ce “laisser-aller” collectif est donc d’accélérer l’éducation à la pensée critique. Elle peut être développée par pratiquement tout le monde, à tout moment de la vie. Il suffit de s’engager à appliquer régulièrement quelques techniques simples. Les parents peuvent obtenir de l’aide pour initier leurs enfants (et eux-mêmes) aux étapes de la pensée critique grâce à des guides qui ont été réalisés sur la base d’études et de recherches pluridisciplinaires. Les enseignants le peuvent aussi.
Et bien que de nouveaux efforts soient déployés pour lutter contre les campagnes de désinformation à travers de nouvelles règles et restrictions imposées aux plateformes, nous ne pouvons pas tarder davantage à nous investir sur cette question individuellement. Tout le monde peut commencer dès maintenant!
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