Depuis 1990, les émissions directes de la France ont baissé de plus de 16%, avec un objectif de 40% (toujours par rapport à 1990) en 2030 puis de neutralité carbone en 2050. Mais l’empreinte carbone du pays, qui comptabilise également les GES émis à l’étranger pour satisfaire la demande intérieure française (mais pas ceux produits en France pour les exportations) n’est en baisse -légère- que depuis 2005.
“Une diminution qui est à la peine en raison de l’augmentation des émissions importées qui ne sont pas soumises aux politiques nationales” de réduction, souligne Corinne Le Quéré, présidente du HCC, organisme indépendant.
53% de l’empreinte carbone
Car la part de ces émissions importées ne cesse de croitre, dépassant depuis une dizaine d’années les émissions directes pour atteindre jusqu’à 53% de l’empreinte carbone, selon les sources compilées par cet organisme indépendant, chargé d’évaluer la politique publique en matière climatique.
Ainsi, sur une empreinte carbone de 11,5 tonnes/CO2 par habitant (exprimée en équivalence du montant de rejets du principal GES), les émissions importées représentent 6,4 t/CO2, selon les calculs du rapport du HCC, saisi par le gouvernement pour proposer des pistes pour “réduire efficacement” l’impact climatique des “produits que nous importons”.
Un poids en hausse de 78% depuis 1995 et “principalement lié à la hausse de la consommation”, a souligné Corinne Le Quéré lors d’une présentation en visioconférence du rapport.
Score carbone
Le HCC fait plusieurs recommandations pour réduire les émissions importées, tout d’abord concernant les entreprises, leur source très majoritaire. Une taxe carbone aux frontières ne suffirait pas à elle seule à régler le problème souligne le HCC, plaidant pour un “accompagnement” du monde économique, avec des “stratégies de réduction quantifiées” par filière ou une prise en compte de la question dans les commandes publiques.
Le HCC recommande également la mise en place d’un véritable “score carbone”, prenant en compte toutes les phases de vie d’un bien, de la production au recyclage éventuel, et pas seulement son utilisation, comme le font par exemple les scores énergétiques pour l’électroménager.
Cette dernière mesure rejoint les préconisations de la Convention citoyenne pour le climat, rappelle le HCC et permettrait également de toucher les ménages. Avec selon Corinne Le Quéré “un effet d’entrainement et une prise de conscience” pour modifier les habitudes de consommation.
Action diplomatique de la France
Le rapport recommande aussi de prendre en compte les émissions importées dans l’action diplomatique de la France, au niveau européen comme dans le cadre de l’accord de Paris, pour lequel les engagements par pays ne prennent pas en compte les émissions importées. Le HCC prévient qu’en conséquence, les engagements nationaux de la France “ne doivent pas mener à une augmentation des émissions mondiales” par simple déplacement de la production.
Enfin, le rapport insiste sur la nécessité de prendre en compte dans les plans de réduction des émissions, notamment importées, celles liées aux transports internationaux aérien et maritime, tout comme celles de la “déforestation importée”. Cette dernière doit selon Corinne Le Quéré “faire l’objet d’une comptabilité à part” et d’un suivi par pays, alors que la “Stratégie nationale de lutte” adoptée en 2018 “va très lentement”.
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