Ce débat, qui a déjà secoué la macronie par le passé, retrouve aujourd’hui le devant de la scène après plusieurs événements venus mettre à mal l’institution policière. À tel point que la majorité a prévu de réécrire, une nouvelle fois, l’article 24 de la loi dite sécurité globale, qui cristallisait de nombreuses tensions pour sa promesse de punir la diffusion malveillante d’images de policiers.
Mais quelles sont les conséquences concrètes de cette agitation politique? La population fait-elle encore confiance à ses gardiens de la paix? Comme souvent, la réponse est à trouver dans la nuance. Selon le sondage YouGov réalisé les 30 novembre et 1er décembre en exclusivité pour Le HuffPost, 61% des Français ont une bonne opinion des forces de l’ordre… et 68% se disent en “sécurité” quand ils leur font face.
Les Français veulent une IGPN indépendante
Ce dernier chiffre est en hausse de près de 10 points par rapport au mois de juin dernier. Seuls 59% des Français interrogés exprimaient alors ce sentiment de sécurité au moment de la prise de position controversée de la chanteuse Camélia Jordana évoquant la crainte vécue par des milliers de personnes face aux forces de l’ordre.
Un chiffre encourageant donc, mais qui n’exempte pas l’institution de tout reproche. Outre les 26% de Français qui se disent toujours en insécurité face aux gardiens de la paix, notre sondage YouGov, relève que la population n’est pas insensible aux débats sur le “racisme systémique” dans la police. Dans le détail, 43% des Français (contre 41) estiment qu’il existe effectivement une forme de “tolérance” envers le racisme dans les rangs des forces de l’ordre.
Parmi ces questions clivantes, dont les différentes réponses reflètent bien les oppositions politiques, un sujet semble toutefois faire naître un début de consensus: la réforme de la police des polices.
Alors que l’aile gauche de la majorité pousse en ce sens, dans le sillage d’une partie de l’opposition qui demande la suppression pure et simple de ce service controversé, 70% des Français se disent favorable à une réforme de l’IGPN “pour la rendre indépendante du ministère de l’Intérieur.” Comme une preuve de l’exigence d’exemplarité.
Lallement, Darmanin démissions?
Les Français semblent en revanche plus tolérants à l’égard de la hiérarchie administrative ou politique des policiers. Malgré le tombereau de casseroles et autres polémiques qui l’accompagnent, Didier Lallement, le préfet de police de Paris est soutenu. Les Français en tout cas, s’ils sont peu nombreux à ne pas se prononcer par rapport au caractère local des enjeux, apparaissent très divisés sur ses responsabilités.
Dans le détail, 44% des sondés ne souhaitent pas le voir quitter son poste, quand 41% d’entre eux jugent sa démission “souhaitable”, à l’image de la France insoumise.
Le soutien à Gérald Darmanin est quant à lui plus massif. Le ministre de l’Intérieur, pointé du doigt pour ses excès de langage et accusé par une partie de la gauche de conférer un sentiment d’impunité aux forces de l’ordre, n’est semble-t-il pas tenu responsable des derniers exemples de violences policières. 36% des Français estiment “souhaitable” que le premier flic de France démissionne, quand ils sont 51% à dire “non.”
De là à dire que l’ancien maire de Tourcoing est le mieux placé pour mener les réformes nécessaires au sein de la police, il n’y a qu’un pas… que l’opinion publique ne franchit pas. Les Français souhaitent certes voir le ministre rester à son poste, mais seuls 33% d’entre eux disent lui faire confiance pour résoudre les problèmes encore récemment mis en lumière. On n’est pas sorti des ronces, comme dirait la grand-mère de Gérald Darmanin.