Les inscriptions ont été découvertes vendredi 21 août à l’ouverture sur le centre de la mémoire de ce village où, le 10 juin 1944, la division SS Das Reich a tué 642 villageois. Sur la façade du centre, le mot “martyr” a été rayé à la peinture blanche, une bâche bleue couvrant le reste de l’inscription. Le mot “menteur” a aussi été ajouté, ainsi qu’une référence à un révisionniste.
“Ce qui me choque, c’est que l’on ne prenne pas conscience que des enfants et des femmes ont disparu dans des douleurs atroces”, a réagi Robert Hébras, 95 ans, auprès d’un correspondant de l’AFP. “À Oradour, on se rend compte de ce qu’il s’est passé, comment les gens ont été froidement exécutés et brûlés. Ce que je crains, c’est que tout le monde parle d’Oradour durant 48 heures et puis qu’on arrête, qu’on oublie”, a-t-il poursuivi.
Sa mère et ses deux sœurs tuées dans le massacre
Robert Hébras dit avoir “prévu” cet événement “depuis x temps”. “Parce qu’aujourd’hui on oublie, on a tendance à oublier”, explique-t-il à France Bleu Haute-Vienne. “Beaucoup de générations qui arrivent derrière ont tendance à vouloir rayer tout ça, ils ne se rendent pas compte que l’on est à la veille d’un conflit”, ajoute-t-il.
S’il se dit conscient qu’il y a ”énormément de révisionnistes”, Robert Hébras estime que “la ou les personnes qui ont fait ça ne sont pas normaux, ou alors ce sont des gens haineux qui ne veulent pas reconnaître les faits”.
Robert Hébras a perdu sa mère et deux sœurs le 10 juin 1944, alors qu’il avait 19 ans. Comme toutes les femmes et les enfants du village, elles avaient été réunies dans l’église, à laquelle les Allemands avaient mis le feu. “Quand je rentre à l’intérieur (de cette église, ndlr), je me demande à chaque fois où étaient ma mère et mes sœurs. J’ai souhaité toute ma vie qu’elles soient parties le plus tôt possible…”, a-t-il confié au Parisien.
Lui avait réussi à s’échapper d’une grange qui venait d’être incendiée par les soldats allemands.
“Une blessure ouverte”
Seules six personnes ont survécu au massacre. Robert Hébras est le dernier de ces témoins à être toujours en vie.
“C’est pour moi une blessure ouverte. J’ai voulu transmettre la mémoire d’Oradour durant toutes ces années, mais on l’oublie, comme ailleurs”, dit-il encore au Parisien.
Les tags découverts vendredi ont provoqué l’indignation jusqu’au plus haut sommet de l’État, Emmanuel Macron promettant que “tout sera fait” pour retrouver leurs auteurs. Le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, ancien député de la deuxième circonscription de Haute-Vienne, s’est rendu sur place samedi.
Une plainte a été déposée samedi matin et une enquête est en cours.
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