Un siège occupé jusqu’au 18 janvier 1982 par Simone Veil. Et justement, 40 ans après jour pour jour, une eurodéputée frontalement opposée à l’avortement pourrait lui succéder.
Grande favorite à la succession de David Sassoli, Roberta Metsola semble très bien placée pour remporter le scrutin. Cette Maltaise de 42 ans est déjà bien installée à Strasbourg et pourrait ne faire qu’une bouchée des autres candidats.
Roberta Metsola, candidate archi-favorite
En effet depuis le décès de David Sassoli, Roberta Metsola occupe déjà par intérim le poste qu’elle brigue. D’abord élue eurodéputée pour la première fois en 2013 après trois échecs, elle occupe depuis octobre 2020 le poste de Première vice-présidente du Parlement européen. C’est donc presque naturellement qu’elle a été désignée candidate officielle du Parti populaire européen (PPE) le 24 novembre.
Roberta Metsola, issue du Parti Nationaliste maltais, ne fait pourtant pas l’unanimité. Porteuse d’idées rétrogrades sur la question de l’avortement notamment, elle fut la cible de vives critiques, jusqu’en France, pour ce positionnement anti-IVG, par ailleurs très répandu dans son pays -le dernier de l’UE- où l’avortement est toujours considéré comme illégal. Elle s’était par exemple abstenue en septembre dernier, lors d’un vote sur une résolution demandant à la Commission de criminaliser les violences faites aux femmes. Cependant, cela ne l’empêche en rien d’être considérée à Strasbourg comme une élue plutôt progressiste au sein de son parti conservateur, et ce, sur bon nombre de sujets comme la cause LGBTQ qu’elle a défendue à plusieurs reprises au Parlement, ou encore celle du sort des migrants en Europe.
Mais son statut de favorite, elle le doit aussi à un accord passé en marge de la précédente élection de David Sassoli en juin 2019. Les principaux groupes politiques du Parlement (les conservateurs du PPE, les sociaux-démocrates du S&D et les libéraux de Renew Europe) s’étaient alors entendus pour créer une coalition et apporter leur soutien à la candidature du défunt président, en échange de quoi, un candidat PPE prendrait sa suite à mi-mandat. Les sociaux-démocrates ont d’ailleurs renoncé à présenter un candidat, offrant sur un plateau l’élection à la Maltaise.
Une voix s’élève chez les Verts
Ce ne sont pas Sira Rego -une eurodéputée espagnole de la gauche radicale- ou le Polonais Kosma Zlotowski -eurosceptique du groupe des Conservateurs et Réformistes européens- qui ont une chance de l’emporter. Ce dernier a même retiré sa candidature ce mardi matin.
Reste la Suédoise Alice Bah Kuhnke qui veut tenir tête à Roberta Metsola. Eurodéputée écologiste de 50 ans, cette ancienne ministre suédoise de la Culture et de la Démocratie compte bien opposer sa voix à la grande favorite maltaise. Après l’annonce de dernière minute de sa candidature mercredi 12 janvier, elle se présente peut-être comme la seule véritable alternative à la candidature de la conservatrice, notamment sur les questions du droit des femmes.
“Nous nous battons pour une Europe féministe, durable, et démocratique, et appelons tous les eurodéputés à soutenir ces principes”, déclarait même celle qui est aussi vice-présidente du groupe des Verts dans l’hémicycle après l’annonce de sa candidature. Une candidature évidemment soutenue par son collègue Yannick Jadot, candidat à la présidentielle en France.
Et si la bataille idéologique se pose essentiellement sur la question de l’avortement et de la lutte des droits des femmes, Alice Bah Kuhnke pourrait bien faire pencher la balance si elle arrive à faire basculer un grand nombre d’eurodéputés opposés à l’idée d’élire à la tête du Parlement européen une femme anti-IVG. La position des députés macronistes présents au sein du groupe Renew sera ainsi scrutée de près même s’ils devraient -selon la position majoritaire arrêtée lundi soir- valider la candidature de Roberta Metsola.
Ce qui est certain, c’est qu’en cas de victoire, Roberta Metsola deviendrait la plus jeune présidente du Parlement européen. Ce qui ferait également d’elle la troisième femme à occuper ce poste après les Françaises Nicole Fontaine et Simone Veil. Un symbole fort, mais qui laisserait un drôle d’arrière-goût en bouche, 40 ans après la fin du mandat de celle qui a porté haut et fort la lutte pour le droit des femmes à disposer de leur corps.
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