ESPACE – De quelques centaines de millions de dollars par lancement à 4 milliards, un pas de tir défectueux, une montagne de retards: alors que le lanceur Space Launch System est désormais sur le pas de tir pour d’ultimes essais avant un premier tir test, il traîne déjà derrière lui une réputation mitigée, comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo en tête de cet article.
Au départ pensé comme un successeur à la navette spatiale américaine, puis intégré au programme Artemis lancé par Donald Trump en vue de l’exploration martienne, cet énorme lanceur de la NASA a déjà beaucoup vécu. En 2025, il emmènera des astronautes en orbite lunaire, où un alunisseur fera le reste du transport.
Sur son pas de tir, l’engin titanesque a fière allure. Avec ses 111 mètres de haut et ses 8 mètres de diamètre, il est à peine plus petit que la Saturne V des missions Apollo. Mais si l’engin est superbe, il est aussi coûteux, bien plus que la NASA ou le gouvernement américain ne l’avaient envisagé au départ.
Non réutilisable et très, très cher
Un audit mené auprès de l’agence spatiale américaine en 2020 pointe du doigt ces gonflements de coûts astronomiques, qui font passer un lancement de test de 500 millions de dollars environ à une addition quatre fois plus élevée. En cause dans ce gonflement, des retards techniques qui coûtent cher, de graves problèmes au niveau du pas de tir, mais aussi, plus généralement, la nature très politique du projet.
En effet, le Sénat américain n’a cessé, année après année, d’attribuer des crédits toujours plus importants au projet, même en 2019, lorsque l’administration Trump souhaitait les revoir à la baisse. La raison de cette générosité, c’est d’abord l’emploi: de nombreux États hébergent des centres de recherche ou de production de la NASA qui fermeraient si le projet Artemis ne tournait pas à plein. D’où d’étonnantes initiatives, comme cet amendement, rapporté par le magazine Ars Technica, exigeant une nouvelle batterie de tests des moteurs du SLS…alors qu’il n’en est aucunement besoin.
Résultat, le programme lunaire devrait coûter un peu moins de 100 milliards de dollars d’ici à 2025, quand le directeur de la NASA l’estimait trois fois moins élevé à l’origine du projet. Une somme colossale, à mettre en face de SpaceX et de ses lanceurs réutilisables.
La firme d’Elon Musk, qui a déjà révolutionné le marché des lanceurs, bouscule le domaine de l’exploration spatiale. La firme développe sa propre fusée martienne (et lunaire), un lanceur réutilisable, nommé Starship, et qui pourrait bien faire pâlir d’envie le SLS. Le célèbre patron de SpaceX estime ainsi qu’à terme, le coût de lancement d’une fusée Starship pourrait être de deux millions de dollars. Deux mille fois moins que sa concurrente.
Même si les experts jugent cette projection un peu trop enthousiaste, nombreux sont ceux qui se demandent si Starship, dont un vol -non habité- autour de la Lune est prévu pour 2023, ne viendra pas immédiatement ringardiser le SLS. Le constructeur a, en tout cas, déjà un solide pied dans la porte: c’est SpaceX qui va construire l’alunisseur chargé de transporter les astronautes du SLS vers le sol lunaire.
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