L’agence spatiale américaine a diffusé sur son compte Twitter de nouvelles images prises par le robot à six roues du vol d’Ingenuity le 30 avril, cette fois accompagnées du son.
Une “mine d’or” pour mieux comprendre Mars et son atmosphère
Les ingénieurs de la Nasa ignoraient jusqu’alors si le son pouvait être enregistré, Perseverance étant à environ 80 mètres du lieu de décollage et d’atterrissage. L’atmosphère martienne, composée à 96% de dioxyde de carbone, est d’une densité équivalente à seulement 1% celle de la Terre, ce qui rend les bruits beaucoup plus sourds.
“C’est une très bonne surprise”, a salué David Mimoun, professeur en systèmes spatiaux et science planétaire à l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (ISAE-SUPAERO) de Toulouse. “Nous avions fait des tests et des simulations qui nous faisaient penser que le micro pourrait à peine entendre le son de l’hélicoptère, parce que l’atmosphère de Mars limite la propagation du son”, a-t-il expliqué.
Perseverance dispose d’une SuperCam qui analyse par laser des roches pour aider à déterminer la composition chimique et minéralogique de la surface de la planète rouge. Cet instrument dispose d’un microphone qui enregistre le son du laser quand il frappe ses cibles, qui ressemble à celui d’un cliquetis, donnant des éléments supplémentaires tels que leur dureté. L’enregistrement du vol d’Ingenuity “est une mine d’or pour comprendre l’atmosphère martienne”, a souligné David Mimoun.
La Nasa a facilité l’écoute du vol, enregistré en mono, en isolant les bruits à 84 hertz, puis en réduisant les sons en dessous de 80 et au-dessus de 90 hertz, tout en augmentant le volume des sons entre ces deux fréquences.
Découvrir s’il y a de la vie sur Mars
Pour Soren Madsen, directeur du développement de Perseverance au laboratoire de propulsion de la Nasa, cet enregistrement est un exemple de la complémentarité des instruments envoyés sur Mars. La SuperCam, en partie conçue par des ingénieurs français, avait diffusé un premier enregistrement de vents martiens peu après l’atterrissage.
La Nasa a aussi annoncé vendredi la réussite du 5e vol d’Ingenuity, qui avait marqué l’Histoire le 19 avril dernier en effectuant le premier vol d’un engin motorisé sur une autre planète. Cette fois, l’hélicoptère a effectué son premier aller simple, au lieu de revenir à son point de départ comme lors de ses quatre premiers déplacements.
Ce trajet marque le début d’un nouveau rôle pour Ingenuity: après avoir prouvé qu’il était possible de voler sur Mars, il va désormais seconder Perseverance dans sa mission principale, la quête de vie ancienne sur la planète rouge, en allant par exemple explorer des endroits d’intérêt scientifique, inaccessibles en roulant, ou en repérant le chemin le plus sûr. Ce type d’opérations vise également à évaluer la capacité de tels engins volants à assister de futurs explorateurs humains.
Les ingénieurs de la Nasa avaient annoncé il y a une semaine prolonger d’un mois la mission de l’hélicoptère, qui s’est montré plus solide qu’attendu. Il n’a toutefois pas été conçu pour une activité très prolongée et les cycles répétés de gel et de dégel pourraient endommager le petit appareil. La Nasa anticipe deux autres vols sur les 30 prochains jours.
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